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Pays-Bas: le député d'extrême-droite Wilders demande le report de son procès en appel

Le leader populiste néerlandais Geert Wilders, allié de la Française Marine Le Pen et connu pour ses positions anti-islam, a demandé jeudi au premier jour d'audience le report de son procès en appel pour discrimination et incitation à la haine, dénonçant une "chasse aux sorcières".

Le député d'extrême droite avait été reconnu coupable de discrimination en 2016 pour avoir promis, lors d'un rassemblement électoral en 2014, "moins de Marocains" aux Pays-Bas.

Le chef du Parti pour la liberté (PVV, principal parti d'opposition à la chambre basse) avait toutefois été relaxé d'incitation à la haine et n'avait écopé d'aucune peine.

A l'ouverture du procès en appel jeudi devant le tribunal hautement sécurisé près de l'aéroport de Schiphol, la défense a demandé le report des audiences, rapprochant les propos de M. Wilders de ceux d'un autre député, non poursuivi par la justice.

Alexander Pechtold, chef de file des démocrates membres du gouvernement de coalition, avait dit en février qu'il n'avait "jamais rencontré de Russe qui corrigeait ses erreurs", suite à la démission du ministre néerlandais des Affaires étrangères, accusé d'avoir menti sur une rencontre avec Vladimir Poutine.

Après le dépôt de 40 plaintes, notamment de Néerlandais d'origine russe, le parquet avait décidé de ne pas poursuivre M. Pechtold pour discrimination, avançant que ses propos contribuaient au débat public.

- Droit à un "procès équitable" -

"Les propos de M. Pechtold et ceux de M. Wilders sont juridiquement comparables. Si l'un est poursuivi, l'autre doit l'être également", a déclaré Geert-Jan Knoops, avocat du député d'extrême droite.

Geert Wilders, homme fort de l'opposition au gouvernement libéral de Mark Rutte, avait demandé à ses militants lors d'un rassemblement électoral s'ils voulaient "plus ou moins de Marocains dans (leur) ville et aux Pays-Bas".

Face à une foule scandant "Moins! Moins! Moins!", celui qui se considère en croisade contre "l'islamisation" de son pays avait répondu dans un sourire: "nous allons nous en charger". Après quoi 6.400 plaintes avaient été déposées par des citoyens et des organisations.

M. Knoops a demandé aux juges le report du procès en appel "pour permettre à la justice d'entendre les plaignants" et "le représentant du ministère public qui a décidé de ne pas poursuivre Alexander Pechtold".

Geert Wilders, présent dans la salle d'audience jeudi après avoir snobé la quasi-totalité des débats en première instance, "a droit à un procès équitable", a poursuivi la défense.

Les juges, qui ont alloué onze jours d'audience à ce procès en appel dont le verdict devait être rendu le 6 juillet, s'exprimeront sur un éventuel report plus tard jeudi, selon la télévision publique NOS.

- Déclarations inflammatoires -

"Ses propos ne visaient pas tous les Marocains. M. Pechtold, lui, a discriminé tous les Russes", a ajouté M. Knoops, flanqué du leader populiste impassible.

"Le caractère incendiaire des déclarations (de Geert Wilders) a incité d'autres personnes à discriminer les personnes d'origine marocaine", avait déclaré le juge Hendrik Steenhuis lors de la lecture du jugement en 2016.

Les juges ont cependant estimé ne pas avoir reçu "suffisamment de preuves" pour pouvoir reconnaître le député coupable d'incitation à la haine. La défense et le parquet, qui avait requis une amende de 5.000 euros, avaient fait appel du jugement.

Le procès en première instance avait renforcé la popularité du député controversé auprès de ses électeurs au milieu d'une vague populiste en Europe et après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis.

Lors de la campagne des législatives en 2017, le député avait promis, s'il devenait Premier ministre, de procéder à la fermeture des mosquées, de fermer les frontières du pays et d'interdire les migrants venant de pays musulmans.

"La liberté d'expression est menacée, particulièrement en ce qui concerne les critiques contre l'islam. Nous ne devons jamais accepter cela", a affirmé Geert Wilders jeudi dans un tweet matinal.

Son tweet était accompagné d'un dessin le représentant face à un homme furieux coiffé d'un turban et le député a ajouté qu'il comptait organiser "un concours de dessin sur Mahomet au Parlement plus tard cette année".

Invité au rassemblement du Front National et de ses alliés européens à Nice le 1er mai, le président de la formation populiste néerlandaise s'était désisté à la dernière minute, causant un revers symbolique pour Marine Le Pen.

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