Accueil Actu

Procès Lionnet: Ouissem Medouni, un homme à l'allure effacée

Ouissem Medouni, reconnu avec sa compagne coupable du meurtre de leur jeune fille au pair, s'est dépeint durant son procès comme un homme amoureux dominé par une femme caractérielle, une version réfutée par l'accusation.

"Je l'aime", a résumé l'ex-analyste financier d'apparence effacée en évoquant sa compagne Sabrina Kouider devant la Cour criminelle de Londres, où il a témoigné d'une voix souvent blanche, parfois hésitante, le dos courbé dans son élégant costume sombre.

C'est cet amour pour cette femme de cinq ans sa cadette qui, selon lui, l'a mené jusqu'au box des accusés pour la mort de Sophie Lionnet en septembre 2017, dont il a accusé sa compagne.

Sur l'insistance de cette dernière, il a brûlé le corps de la victime de 21 ans dans leur jardin du sud-ouest londonien, a-t-il dit à l'audience.

Une majorité des jurés ne l'a pas cru, estimant qu'il avait volontairement tué la jeune Française.

C'est par amour aussi que Ouissem Medouni assure être toujours revenu vers Sabrina, même après la naissance de deux garçons conçus avec deux autres hommes, des enfants qu'il a fini par considérer comme les siens.

Pour l'avocat de Medouni, il servait de "bouche-trou" à sa compagne entre deux relations.

- 'Grosse erreur' -

Medouni a fini par la croire quand elle répétait que Sophie Lionnet avait comploté avec Mark Walton, le père d'un de ses garçons et fondateur du boys band Boyzone, pour droguer et abuser sexuellement de la famille. Il en reste plus que jamais persuadé à ce jour.

Mais s'il a pris part à des interrogatoires musclés de la fille au pair pour lui extorquer des aveux, il a affirmé n'avoir jamais voulu lui faire de mal: il a seulement enchaîné les mauvaises décisions durant les semaines ayant précédé le décès de Sophie Lionnet, selon lui.

"Je suis responsable de ce qui s'est passé parce que j'aurais pu l'arrêter. (...) C'était la plus grosse erreur de ma vie", a-t-il reconnu.

Mais pour l'accusation comme l'avocat de Sabrina Kouider, derrière cette façade se cache un homme menaçant. Il faisait croire à Sophie Lionnet qu'elle ne pourrait pas retourner en France tant qu'elle n'avouerait pas ou qu'elle passerait le restant de sa vie en prison, où elle serait violée.

"Il y a beaucoup de très mauvaises décisions, n'est-ce pas? (qui) ne vous ressemblent pas", a raillé le procureur. "Je suggère que votre implication va beaucoup plus loin".

"J'étais vraiment en colère", a justifié Medouni.

- 'La protéger' -

L'accusé a rencontré Sabrina Kouider quand il était étudiant, en 2001, à une fête foraine où elle vendait des crêpes. "Un peu timide", il a obtenu son numéro de téléphone par un ami commun.

Rapidement, ils ont entamé une relation houleuse par intermittence qui a duré jusqu'à leur arrestation l'an dernier. Après leur premier baiser, "c'était comme si j'avais gagné à l'Euromillions", s'est-il souvenu.

Né le 25 juillet 1977 dans un milieu modeste, Ouissem Medouni a grandi avec son père plombier dans la banlieue sud de Paris. Il a gravi l'échelle sociale, devenant analyste financier à Paris puis à Londres après des études d'économie à Paris et à Lyon menées parallèlement à de petits boulots.

Mais en 2012, quelques années après son embauche par la Société Générale dans la capitale britannique, Medouni a perdu son emploi: la jalousie de sa compagne, qui le harcelait au travail et lui reprochait de travailler trop, l'empêchait d'assumer cette fonction prenante, a-t-il raconté.

Il s'est alors consacré à la gestion de deux logements qu'il louait en banlieue parisienne.

L'accusé a nié être infidèle, noceur ou s'être "jamais" montré violent, contrairement à ce qu'a affirmé l'avocat de Sabrina Kouider. Selon lui, c'est elle qui était instable et agressive. "Je ne peux pas dire que j'étais l'homme dans la maison. Je ne l'étais pas".

Pourtant, Medouni n'a jamais évoqué avec personne son caractère colérique et imprévisible pour "la protéger" et éviter qu'elle perde la garde des enfants. "C'est assez difficile d'aimer une femme folle", s'est-il justifié.

À lire aussi

Sélectionné pour vous