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Une association néerlandaise propose un produit pour mettre fin à ses jours et crée la polémique: "On est dans les conditions pénales d'un meurtre"

La Nederlandse Coöperatie Laatste Wil (Coopérative néerlandaise de la dernière volonté) a lancé son nouveau projet ce mois-ci, baptisé Middel X. Celui-ci permet, via un achat groupé, d'obtenir des produits "fiables" pour mettre fin à ses jours. Quelque 220 Belges ont souscrit à l'offre, rapporte De Morgen mardi.

La coopérative, fondée en 2013, comptait 3.000 membres en septembre. C'est alors qu'elle a annoncé la mise sur pied d'un groupe d'achat pour un produit légal et bon marché permettant de réaliser une euthanasie. Pas moins de 17.000 personnes cotisent aujourd'hui à hauteur de 15 euros dans cette coopérative, dont 220 Belges. Aucun projet similaire n'est en route en Belgique, notamment pour des raisons légales. D'après la coopérative, la personne qui ingère la poudre tombe dans le coma en 20 minutes, avant de mourir 30 minutes plus tard. L'association ne délivre le produit que six mois après l'inscription.

On ne peut pas du tout être assuré que la mort est confortable et sans souffrance

Le projet crée la polémique aux Pays-Bas. La première objection est médicale: que vaut le produit en question? "C'est une substance qui n'est pas identifiée, c'est une substance qui n'est pas du tout prévue pour ce genre de but. Donc on ne peut pas du tout être assuré que la mort est confortable et sans souffrance", indique François Damas, médecin au CHR Citadelle et membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité.

On est dans les conditions pénales d'un meurtre

La deuxième objection est d'ordre légal: n'est-ce pas là une manière de pousser des gens au suicide? "On est dans de l'aide à un homicide avec préméditation, puisqu'il y a un projet prémédité et préparé. Donc effectivement, on est dans les conditions pénales pour un meurtre", précise Jean-Pierre Jacques, avocat.


Il ne s'agirait plus d'euthanasie, mais bien de suicide

L'objectif annoncé de l'association néerlandaise est de permettre aux personnes d'être complètement autonomes quant à leur décision de mourir. Sans les pressions familiales, sans l'avis des médecins, difficile dans ce cas de placer la limite entre euthanasie et suicide. "Nous ne sommes plus dans un contexte d'une mort accompagnée ou médicalement assistée. On est dans le cas d'un vrai suicide. Et le suicide laisse des traces pour ceux qui restent", rappelle le docteur François Damas.

"Est-ce que ces personnes qui font partie de cette ASBL ont été évaluées, ont des critères qui permettent de dire 'oui vous avez accès à ce programme ou pas, à ce médicament'. Deuxième question: est-ce qu'ils l'utilisent en pleine capacité, est-ce qu'ils ne font pas l'objet de pressions de la part de proches?", explique Me Jacques.

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