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XV de France: Shaun Edwards, sacré défense

"Contre ruck", "Sortez des plaquages!", "Attaque les jambes!" Les ordres fusent, en français, sur la pelouse du petit stade des Arboras à Nice. Ils proviennent de Shaun Edwards, l'exigeant entraîneur anglais de la défense du XV de France. Une légende en Grande-Bretagne que les Bleus découvrent.

Le petit homme chauve de 53 ans qui s'agite sur les bords de la Méditerranée, au milieu de géants en bleu, est une référence mondiale. Connu comme le père de la 'rush defense', faite de montées défensives rapides et agressives, qui a révolutionné le rugby moderne. Il a mis la théorie en pratique aux Wasps au début des années 2000, mais a surtout permis aux Gallois de remporter quatre Tournois des six nations (2008, 2012, 2013, 2019).

Un coach réputé pour son intransigeance; capable d'accabler un joueur pour un simple placage manqué.

"Je demande aux joueurs d'être à leur meilleur niveau", explique-t-il à l'AFP. "S'il y a bien un truc que vous ne voulez pas, c'est vous dire 'oh si je m'étais plus entraîné, si j'avais été plus professionnel, si j'avais été plus discipliné...' Ce sont des internationaux, des athlètes de haut niveau."

Lors de sa nomination, Fabien Galthié avait promis de "bouger" ses Bleus. Rien qu'à voir les mines des joueurs du XV de France après une séance avec Edwards, l'objectif est atteint. Mais les Français semblent convaincus.

"Ce que j'aime beaucoup chez lui, c'est qu'on voit que c'est quelqu'un de droit: il parle avec le cœur. On a besoin de cette défense. On a été très bon dans ce secteur (lors de la Coupe du monde) au Japon, je pense, c'est celui dans lequel on a le plus progressé mais il nous apporte d'autres armes. Vous verrez lesquelles sur le terrain", avance Gaël Fickou, nommé capitaine de la défense par Edwards himself.

"Mais avec ses techniques et ses tactiques, on va encore progresser en défense, franchir une étape. Il met énormément de coeur, énormément d'envie et, pour l'instant, ça se passe hyper bien. Il va vraiment nous apporter", poursuit le centre du Stade français.

- Intransigeance -

Ancien international de rugby à XIII, il n'est pas du genre bavard mais il sait visiblement faire passer le message. "Les garçons ont une bonne attitude. On a fait quelques exercices précis et, rapidement, ils ont réussi à améliorer certains aspects de notre défense. Il faut qu'on continue comme ça", confie Edwards, qui réclame une condition physique et une coordination collective sans faille.

Edwards a d'ailleurs sa petite idée sur ce que les Bleus, qui n'ont plus remporté le Tournoi depuis dix ans, doivent améliorer. "Ce que la France doit maintenant réussir à faire, c'est prendre l'habitude de remporter les rencontres serrées", pointe-il. "Le rugby est un sport physique mais c'est aussi un sport tactique. Il faut avoir un corps de rugby mais aussi un cerveau rugby. C'est très difficile, de nos jours, de défendre. Il n'y a jamais eu autant d'essais marqués... Vous avez des équipes avec trente ou quarante joueurs, les règles ont été modifiées et c'est compliqué de défendre sur de longues périodes. En 2008, le pays de Galles avait remporté le Tournoi en n'encaissant que deux essais durant toute la compétition. Maintenant, c'est difficile de ne pas encaisser plus de deux essais sur un seul match!"

Plus facile à dire qu'à faire quand on affronte l'Angleterre, son pack agressif et rugueux, ses ailiers supersoniques et son buteur talentueux. Mais le natif de Wigan, entre Manchester et Liverpool, ne fera pas de sentiments. Ce n'est de toute façon pas son genre.

"Un match particulier? Non, pourquoi? Si vous regardez le staff de l'Angleterre, il n'y a qu'un seul Anglais, Simon Amor (adjoint en charge de l'attaque). C'est tout", glisse-t-il.

"C'est un match des Six nations et tous les matches sont spéciaux dans les Six nations. Le Tournoi, pour moi, c'est la meilleure des compétitions. Tous les matches sont intenses, passionnés... avec la proximité des pays, les supporters... Pour moi, c'est fantastique. France-Angleterre, c'est une rivalité qui s'étend depuis des années. C'est un gros match."

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