Accueil Actu

XV de France: Twickenham, "la plus grosse honte rugbystique de ma vie", selon Poirot

La raclée reçue en Angleterre en février par le XV de France dans le Tournoi des six nations (44-8) demeure "la plus grosse honte rugbystique" de la vie de Jefferson Poirot, a déclaré le pilier avant de retrouver le XV de la Rose samedi en Coupe du monde.

QUESTION: Avez-vous insisté à l'entraînement sur la mêlée, secteur où vous êtes dominés depuis le début de la compétition ?

REPONSE: "On s’est un peu rentrés dans la gueule oui (rires). On a fait de mauvais matches dans ce secteur. On est déçus de nos prestations, il y a quelque chose dans la tête à évacuer. On s’est beaucoup parlé. Mais bon, on peut se rentrer dans la gueule tant qu’on veut à l’entraînement, c’est samedi qu’on sera jugés."

Q: Respectez-vous trop les nouvelles règles ?

R: "J’ai l’impression oui qu’on s’est trop adapté à ce qui est demandé alors que rien n’a changé. C’est pareil sur les ballons portés où les adversaires continuent à faire double écran (deux joueurs placés directement devant le porteur du ballon, après la conquête en touche NDLR). Toutes les nations sauf nous. Il va donc falloir qu’on prenne un peu de vice. Sur certains secteurs, on est des agneaux, des bons élèves. A un moment donné, il faut faire comme les autres. Pas de la triche, mais du vice, du métier."

Q: Est-ce la seule raison ?

R: "Non. On avait un problème de réglages, de direction. On ne poussait pas tous ensemble, ni dans la même direction. Des détails qui peuvent tout changer. Avant l’Argentine, on a cru qu'on allait vraiment les dominer et ça ne s’est pas passé comme ça. Du coup, depuis on court après une mêlée dominante. Du coup, on n’est plus du tout collectifs mais individuels. Ça devient un défi personnel. On s’est piégés tout seuls avec cette réaction. On a essayé de régler ça aussi ce matin (mercredi)."

Q: Ces trois victoires vous donnent-elles confiance ?

R: "Oui. Parce que ça fait très longtemps que ça, ce climat de victoires, ne nous est pas arrivé. On a gagné cinq de nos six derniers matches. L’Angleterre arrive au bon moment pour se tester. En plus, on s’est enlevé de la pression en se qualifiant alors que beaucoup nous voyaient éliminés. En quarts, on est à notre place. Maintenant c’est du bonus. Avec l’envie de bien figurer."

Q: Vous êtes confiants malgré ces trois matches inaboutis ?

R: "On les a gagnés difficilement mais on les a gagnés. C’est ça qu’il faut retenir. Ce n’était pas fait. Parce qu’on a une histoire (sourires). Il y a un an on a perdu contre les Fidji, il y a deux ans on est accrochés par le Japon… Du coup, pour toutes ces équipes, on est l’équipe du Top 10 qu’elles peuvent faire tomber. C’est plus dur pour nous de jouer contre les Tonga que les Anglais. Car ils mettent un autre engagement. On le sait parce qu’on côtoie des joueurs du +Tier 2+ (2e groupe mondial, NDLR) en championnat qui nous le disent. A Bordeaux, l’Américain Greg Peterson m’a dit +il n’y a qu’un match qu’on peut gagner, c’est la France. Les Anglais, c’est trop pour nous donc on se prépare bien pour vous affronter.+"

Q: C’est vexant ?

R: "Franchement oui. Je trouve que c’est un manque de respect. On se l’est créée mais, maintenant, il faut se racheter une étiquette."

Q: Etes-vous toujours vexé de la raclée de Twickenham ?

R: "C’est un match traumatisant. La plus grosse honte rugbystique de ma vie. On avait été surclassés comme jamais, en-dessous de tout. Ça a été dur car c’est là que tout a commencé. Il y a eu beaucoup de choses contre nous après… Mais aujourd’hui on a une autre organisation, plus de confiance en nos systèmes. Qu’on arrive à montrer par moments. Il faut maintenant le maîtriser pendant 80 minutes, arrêter de perdre le fil de nos matches."

Q: Conséquence de ce match, vous avez failli être nommé capitaine à la place de Guilhem Guirado...

R: "Il y a une pression médiatique à ce moment-là. Mais nous, à l’intérieur, on ne l’a pas vécu du tout de la même manière que vous (les journalistes). Il n’y a eu aucun débat par rapport à Guilhem. Quand on me propose de le soulager, je trouve que c’est contreproductif. Donc ça passe très rapidement, alors que dans les médias cette histoire a traîné en longueur. On a mis en place des relais, un message plus partagé, plus participatif. Pour que ce soit plus confortable pour Guilhem. Quatre ans tout seul à parler, je comprends que ce soit très usant! D’où notre volonté d’être plusieurs à la conférence de presse du capitaine pour le soulager."

Propos recueillis lors d'un point presse

À lire aussi

Sélectionné pour vous