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XV de France: une montagne de roses à gravir pour retrouver des couleurs

Le plus dur est devant: après avoir péniblement regoûté à la victoire il y a deux semaines face à la faible Italie, le XV de France passe au révélateur de l'ogre anglais, samedi au Stade de France (17h45) dans le Tournoi des six nations, pour enclencher une dynamique positive.

Les Bleus ont en effet tout juste passé un premier vallon sur la longue route de leur redressement en engrangeant, face aux Azzurri à Marseille (34-17), un premier succès après huit test-matches sans succès (dont sept revers). Ainsi qu'un brin de confiance sur le terrain et de paix en dehors après les tourments de la défaite en Ecosse (26-32).

Mais dominer à la maison une équipe qui n'a pas gagné un match du Tournoi depuis trois ans "était un peu une obligation, on ne va pas se le cacher", a consenti Maxime Machenaud. D'autant "qu'on ne les a pas battus avec la manière" a ajouté le demi de mêlée.

Aussi, la ligne de crête sur laquelle s'avancent Machenaud et ses partenaires est ténue et instable.

A gauche, en cas de revers face à l'Angleterre, un retour peu ou prou au point de départ -- en fonction de son ampleur -- avec la probabilité de terminer le Tournoi avec seulement une victoire, à moins d'un exploit au pays de Galles le 17 mars.

Et ceci alors que le président Bernard Laporte avait pris la décision historique, fin décembre, d'écarter pour la première fois en cours de mandat un sélectionneur des Bleus, Guy Novès, afin d'enrayer une infernale spirale négative.

Son remplaçant, Jacques Brunel, avait espéré avant le début du Tournoi se mêler à la lutte pour la victoire finale.

- Nouvel examen -

Cet objectif passe par la voie de droite, un succès samedi.

Mais il s'agit aussi d'une de ces faces Nord que ne sont jamais parvenus à gravir les Bleus depuis plus de deux ans et la tentative de reconstruction amorcée après le fiasco de la Coupe du monde 2015.

La Nouvelle-Zélande (deux fois), l'Australie (une), l'Afrique du Sud (quatre), l'Angleterre (0), l'Irlande chez elle (0): ils ont chaque fois échoué aux examens passés pour accéder à l'étage supérieur, le très haut niveau international.

Une nouvelle séance de rattrapage se présente donc au Stade de France, abordée tel l'élève qui chercherait à rattraper un mois avant le baccalauréat le retard accumulé tout au long de l'année.

Parce que ce XV de la Rose, deuxième nation mondiale dans l'obligation de l'emporter pour garder intact son objectif jamais atteint de remporter une troisième couronne de rang, a acquis de nombreuses certitudes. Au fil de 24 victoires engrangées en 26 test-matches depuis sa reprise par la main de fer d'Eddie Jones fin 2015.

Quand, dans le même temps, la France a affiché un ratio de huit succès pour quinze revers et un nul (contre le Japon à domicile) pour dégringoler au dixième rang mondial.

Et changé, donc, de sélectionneur, qui a disposé de trois semaines, avant le début de ce Tournoi, pour bricoler un encadrement.

- Peur salvatrice? -

Jones s'avance à Saint-Denis avec deux ouvreurs, Owen Farrell (promu capitaine en l'absence de Hartley) et George Ford? Brunel en a une nouvelle fois changé, confiant les clés du jeu à François Trinh-Duc, cinquième choix dans la hiérarchie tricolore (derrière Lopez, Jalibert, Belleau et Beauxis) et qui ne figurait même pas dans la liste initiale.

Ainsi posé, le constat semble effrayant. Pourtant, cette Angleterre, privée de son perforateur Billy Vunipola, n'est pas invincible, comme l'a démontré avec brio lors de la précédente journée l'Ecosse (25-13).

Vitesse, réalisme, bataille dans les rucks puis défense imperméable: comme le XV du Chardon, les Bleus devront réunir ces ingrédients pendant 80 minutes après avoir été sur courant très alternatif depuis le début du Tournoi.

Avec comme fond de sauce, dixit Brunel, la "peur de ne pas être au niveau" et de prendre une raclée, traditionnelle mère nourricière des exploits français.

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