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"Tueur de la gare de Perpignan": plongée dans l'horreur du premier meurtre

La cour d'assises des Pyrénées-Orientales s'est plongée mardi matin dans l'horreur du premier des deux meurtres reprochés à Jacques Rançon, alias "le tueur de la gare de Perpignan", celui de la jeune Moktaria Chaïb, dont le corps avait été retrouvé affreusement mutilé en décembre 1997.

Au sixième jour du procès, l'audience a été marquée par le récit de l'accusé, qui jusque là assurait qu'"il ne pourrait pas" raconter, que "ce serait trop dur", marquée aussi par la diffusion des photos de Moktaria Chaïb, une étudiante de 19 ans, dont le corps avait été retrouvé dans un terrain vague entièrement dénudé, les seins et les parties génitales découpées de façon quasi-chirurgicale.

Seuls les jurés, la cour, les avocats et l'accusé ont pu voir ces photos: les visages des jurés sont soudainement graves, certains portent leur main devant leur visage, visiblement bouleversés et choqués par ce qu'ils découvrent sur l'écran. Jacques Rançon, lui, visage baissé, ne lèvera pas les yeux. "Parce que ça fait trop de mal", affirmera-t-il plus tard.

Auparavant, pendant plus de 45 minutes, pressé par le président de la cour de "raconter ce qu'il s'était passé", il avait expliqué d'une faible voix, sa "rencontre" avec la jeune fille, puis le viol et le meurtre.

"J'ai croisé Moktaria un soir", dit Jacques Rançon, qui reconnaît avoir été ce soir-là à la recherche d'une fille.

"J'ai sorti mon couteau, on a traversé la route, je l'ai forcée à se déshabiller dans un terrain vague. Je l'ai fait s'allonger au sol et je me suis mis sur elle", poursuit l'accusé, debout dans le box entièrement vitré. "J'ai essayé, essayé, j'ai pas réussi, elle me repoussait, elle se débattait", dit Jacques Rançon dont la tentative de pénétration restera vaine.

D'une voix blanche, l'accusé, veste grise sur chemise beige, poursuit son récit: "elle a dit qu'elle allait appeler la police. J'ai mis les coups de couteau". Douze au total, révèlera l'autopsie.

Vient alors le plus terrible : "Je l'ai découpée. J'ai mis les morceaux dans un sac, je l'ai jeté dans une bouche d'égoût. Et je suis rentré à l'hôtel".

"Pourquoi douze coups de couteau ?", demande l'avocat des parties civiles, Etienne Nicolau. "C'était la panique", répond Rançon.

-"en panique"-

"Quand vous découpez le corps, que ressentez-vous", l'interroge le président Régis Cayrol. "C'est ce qui m'est venu à l'idée", répond Rançon. "J'étais en panique, j'ai coupé sans réfléchir, je ne pensais à rien, j'agissais".

Ces coups de couteau constitueraient-ils le "paroxysme" de l'excitation ? interroge encore le président. Ce sont les avocats de Rançon qui parviennent à clarifier les réponses de leur client: son plaisir s'arrête au moment où il porte les coups de couteau.

Face à l'accusé, sur le banc réservé aux parties civiles, le frère de Moktaria Chaïb écoute l'accusé. Lunettes noires la plupart du temps sur les yeux, il ne manifeste aucune réaction à ce récit. Ni, plus tard, à la lecture du compte-rendu de l'autopsie dont le président n'épargnera aucun détail: les plaies sur le corps, les incisions et les amputations, l'éviscération subies par Moktaria, dont deux photos, en noir et blanc, sont accrochées au-dessus de la cour.

Originaire d'un milieu miséreux de Picardie, Jacques Rançon, ancien cariste-magasinier de 58 ans, est jugé depuis une semaine pour avoir violé, tué et atrocement mutilé deux femmes. Il lui est aussi reproché d'avoir tenté de violer une autre femme et d'en avoir laissé une quatrième pour morte.

Son interpellation avait été réalisée près de 17 ans après les faits, son profil ADN étant ressorti grâce à un nouveau logiciel installé sur le fichier national des empreintes génétiques.

Le verdict est attendu le 26 mars.

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