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Céline, une Belge à la Réunion, témoigne de la flambée de violence des "gilets jaunes": "Cela dégénère de nuit en nuit"

Paralysée depuis quatre jours par le mouvement "des gilets jaunes", l'île de la Réunion est confrontée à une flambée de violences comme elle n'en avait plus connue depuis 1991 et qui a largement débordé la question du pouvoir d'achat.

"Nous habitons sur l’île de la Réunion pour un an", nous a indiqué Céline via le bouton Alertez-nous. "Les gilets jaunes sont également présents ici depuis samedi. Sauf que ça dégénère de nuit en nuit. On ne circule plus nulle part. Les stations sont vides, les magasins pillés la nuit et vandalisés, les derniers encore ouverts sont pris d’assaut".

Ces incidents ont poussé le préfet Amaury de Saint-Quentin à instaurer mardi un couvre-feu partiel sur la moitié des communes de l'île. Jusqu'à vendredi au moins, il sera interdit d'y circuler entre 21H00 et 06H00, "une mesure forte, inédite" et "adaptée à cette menace", selon le préfet.

En attendant, tous les établissements scolaires, des crèches à l'université, ainsi que les administrations locales étaient fermées mardi. La quasi-totalité des événements culturels et sportifs étaient annulés. L'aéroport international Roland-Garros a fermé à 18 heures locales (15 heures à Paris) jusqu'à mercredi matin obligeant les compagnies aériennes à revoir leurs horaires ou à annuler des vols.


Après 20h, "les jeunes prennent le pouvoir"

"Personne n’ose sortir de chez soi après 20h. Les jeunes prennent le pouvoir et les derniers encore coincés dans le trafic sont rackettés. Si vous êtes étranger, vous payez le prix fort pour pouvoir passer sous la menace de personnes cagoulées ! Même si on évite les barrages, on risque les jets de cailloux", ajoute Céline. "Les forces de l’ordre sont dépassées et pas assez nombreuses".

Selon la préfecture, il y a eu une dizaine d'interpellations et cinq policiers ont été blessés. Des renforts de gendarmes mobiles sont arrivés lundi de Mayotte. D'autres étaient attendus, sans que la préfecture en précise le nombre.

La Réunion n'avait plus connu une telle tension depuis 1991 et les émeutes provoquées par la saisie par l'Etat de l'émetteur pirate de Télé Free Dom. Huit personnes avaient à l'époque trouvé la mort dans l'incendie d'un magasin de meubles en cours de pillage et une jeune automobiliste s'était tuée après avoir perdu le contrôle de sa voiture à la suite d'un caillassage.

La crise actuelle est partie du mouvement des "gilets jaunes" qui, comme partout en France, ont protesté samedi contre la hausse des prix des carburants et la baisse du pouvoir d'achat. Mardi en début d'après-midi, 37 barrages routiers étaient encore actifs sur les routes de l'île.

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