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Démission du maire de Sevran, "usé" par le mépris de l'État pour les banlieues

Stéphane Gatignon, maire de Sevran (Seine-Saint-Denis) depuis 2001, a démissionné mardi de ses fonctions, "usé" par le "mépris de l'État pour les banlieues", a-t-il déclaré à l'AFP, confirmant des propos tenus dans la presse.

L'édile écologiste (UDE) a fait part de sa démission lors du conseil municipal mardi soir, quelques heures après l'avoir annoncée dans une interview au Monde et au Parisien.

"Je suis usé par la fonction et par les blocages qui viennent d'en haut", a-t-il dit à l'AFP. "Ca fait 17 ans que je suis maire. Il faut de la niaque, se battre. J'avais dit que quand je n'aurais plus de jus, j'arrêterais. Voilà, c'est le moment".

Sa démission intervient à quelques semaines de la publication d'un très attendu "rapport Borloo" pour les quartiers, commandé à l'ancien ministre de la Ville par le gouvernement, et que M. Gatignon a qualifié de "plan de la dernière chance".

"Il y a de plus en plus une vision de la banlieue qui est lointaine de la part des gouvernants", a-t-il déploré, fustigeant le "mépris" de l'Etat. Dans les quartiers, "on est à 30-35 % de gens qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté", a-t-il rappelé, "pourtant les gens se battent, ça bosse, c'est la démerde, mais ça peut pas continuer comme ça. Il faut avancer". "Ce qui se passe en banlieue, ce monde parallèle, il arrange beaucoup de gens, a-t-il ajouté, "ça ne peut pas durer".

Mardi soir, le hastag #noussommestousGatignon, était apparu sur les réseaux sociaux, tweeté par Philippe Rio, maire PCF de Grigny (Essonne) et Catherine Arenou, maire LR de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). "Nous, maires de banlieue, connaissons la violence, la misère et la relégation. Nous savons lutter contre. Cependant, nous ne tolérons pas le mépris du Gouvernement #noussommestousGatignon", a écrit Mme Arenou.

Les mandats de M. Gatignon ont été marqués par des coups d'éclat. Ardent défenseur de la dépénalisation du cannabis, il avait réclamé en 2011 l'intervention de l'armée pour rétablir la sécurité dans sa ville, après une série d'homicides liés au trafic de drogue. Un an plus tard, il avait fait une grève de la faim devant l'Assemblée nationale pour obtenir des aides de l'État pour les villes pauvres.

Il a tour à tour été engagé au Parti communiste, puis à Europe Ecologie, qu'il avait quitté en 2015, pour rallier le mouvement Ecologistes!. Il a soutenu Emmanuel Macron pour la présidentielle 2017.

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