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En France, l'opération d'expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a commencé et des affrontements ont éclaté

Des affrontements ont éclaté lundi matin lors d'une vaste opération d'expulsions par la gendarmerie d'occupants illégaux à Notre-Dame-des-Landes, dans l'ouest de la France, près de trois mois après l'abandon d'un projet d'aéroport.

Une opération massive d'expulsions, avec près de 2.500 gendarmes, a débuté lundi à l'aube à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) pour déloger les occupants illégaux de la ZAD, donnant lieu à des affrontements, près de trois mois après l'abandon du projet d'aéroport.

L'intervention s'est concentrée sur la route D281, l'ex-route "des chicanes". En milieu de matinée, des engins de chantiers étaient présents. Le mirador et le chapiteau du "Lama fâché", un lieu de vie de la ZAD situé au bord de la départementale, étaient en cours de destruction vers 11h00 par deux pelleteuses, a constaté l'AFP.


Des barricades en feu

Les accès de la D281 avaient été bloqués par les gendarmes mobiles dès 03H30, selon une journaliste de l'AFP. Des images fournies par les militaires montrent un escadron de gendarmerie déblayant la route jonchée de pneus brûlés, d'épaves de voitures et surmontée de barricades en feu. Les journalistes ont été tenus à l'écart une fois l'opération commencée.

Sept squats ont été démantelés, trois sont en cours, et les six personnes se trouvant sur un squat "ont été expulsées", les autres étant "vides", a indiqué lors d'une conférence de presse Nicole Klein, préfète des Pays de la Loire.

Selon elle, l'objectif de démanteler une "quarantaine de squats" sur 97 est "presque atteint" et l'opération est "parfaitement dans les règles". Neuf huissiers sont sur place, a-t-elle précisé.


Le survol aérien de la zone interdit 

"Ça continue demain sous la même forme: expulsion, huissier", a-t-elle dit, "le mode ne change pas: expulsion, démolition". "L'objectif a toujours été de faire des expulsions avec discernement, les lieux sont choisis", a-t-elle toutefois précisé, ajoutant que les "gens qui ont montré la volonté d'être dans un projet ne sont pas ceux qui seront expulsés".

Le "dispositif" choisi "vise à empêcher toute réinstallation dans la durée", a souligné le général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, lors de la conférence de presse.

Le survol aérien de la zone a été interdit jusqu'à vendredi prochain.


Un gendarme blessé après un tir de projectiles

Des affrontements ont éclaté une demi-heure après le début de l'opération entre zadistes et gendarmes mobiles au lieudit "Les fosses noires", au sud-ouest de la D281. Une dizaine de tracteurs "vigilants" barraient la route, ainsi que des meules de foin et des poteaux électriques. Les gendarmes ont répondu à des jets de projectiles et de cocktails Molotov par des tirs de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes.

Une interpellation a eu lieu pour violences sur agent de la force publique, selon le ministère de l'Intérieur. Un gendarme, blessé légèrement à l'oeil après un tir de projectile, a été transporté à l'hôpital mais en était sorti en fin de matinée.


"Ces expulsions sont illégales"

"Ces expulsions sont illégales", a déclaré une occupante de la ZAD se faisant appeler "Camille" à l'AFP. "C'est inacceptable que l'État chasse les gens de chez eux. On appelle tous les gens à résister, nous soutenir et rejoindre les rassemblements locaux".

Les zadistes appellent à des rassemblements à 18H00 devant les préfectures ou les mairies, en tout 77 rassemblements en France selon eux, notamment à Nantes et Rennes.

Cette opération de grande ampleur prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation, en déclarant par exemple de nouveaux projets agricoles individuels.


"On appelle au calme et à l'apaisement"

La quasi totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l'ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles.

"On appelle au calme et à l'apaisement. (...) On ne peut pas faire autrement, avec la posture radicale du gouvernement et avec la posture radicale de certains habitants de la ZAD", a déclaré à la presse Julien Durand, porte-parole de l'Acipa.

"Nous devons absolument soutenir nos camarades expulsés manu militari et sauver les projets qui se développent sur la ZAD que nous continuerons de soutenir coûte que coûte", a déclaré pour sa part Dominique Le Lay, membre de l'Acipa.


L'"opération César" avait viré au fiasco en 2012

"On est pris par une émotion et une colère assez profonde face à ce gâchis", a commenté la zadiste "Camille".

Le 17 janvier, en mettant fin au projet d'aéroport, le Premier ministre Édouard Philippe avait promis d'éradiquer la "zone de non droit".

L'opération démarrée lundi est la première d'ampleur depuis l'automne 2012. Cette dernière tentative d'évacuation massive des occupants, baptisée "opération César", avait viré au fiasco malgré la mobilisation de plus d'un millier de gendarmes et policiers.

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