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Escrime: Daurelle, Di Martino et Plumenail, regards sur une évolution de 20 ans

Ils sont de la même génération, ont réalisé le triplé (épée, fleuret, sabre) aux Mondiaux-1999 par équipes, et entraînent désormais des équipes de France: Jean-François Di Martino, Lionel Plumenail et Jean-Philippe Daurelle ont vu l'escrime évoluer en deux décennies.

"C'est vrai que l'on avait fait le triplé chez les messieurs", se souvient pour l'AFP Jean-François Di Martino, entraîneur national adjoint à l'épée depuis le début de la saison, qui s'était paré d'or avec Eric Srecki, Hugues Obry et Rémi Delhomme en Corée du Sud.

Dans les années 1990, l'escrime traditionnellement européenne s'est ouverte au monde, avec l'émergence de la Corée du Sud ou de la Chine. Un triplé en 1999 était déjà un exploit rare, et serait très compliqué à rééditer de nos jours.

"Je pense que c'est possible, mais il faut avoir des athlètes exceptionnels dans chaque arme. C'est surtout une notion de groupe", explique ainsi Jean-Philippe Daurelle, entraîneur national du sabre, et sacré en 1999 avec Damien Touya, Matthieu Gourdain et Julien Pillet.

- "Développer le niveau" -

"C'est beaucoup plus dur maintenant. Avant, on devait se concentrer sur des équipes fortes, dont on savait que ce serait des matches au couteau. Maintenant, il peut y avoir des matches en 8es de finale plus compliqués", note "Di Mart".

Depuis 1999, "beaucoup plus de pays s'investissent dans le haut niveau", souligne l'ancien épéiste.

Si certaines nations pouvaient se cacher il y a vingt ans pour la qualification olympique, qui se jouait uniquement sur les Mondiaux, ce n'est désormais plus possible, puisque c'est le classement mondial sur 12 mois qui est pris en compte.

"On ne les connaissait pas. Là automatiquement, s'ils ne font pas de compétition et s'ils ne sont pas bien classés, c'est plus compliqué", souligne Lionel Plumenail, en or par équipes avec Jean-Noël Ferrari, Patrice Lhôtelier, et le remplaçant Jean-Yves Robin, qu'il a rejoint comme entraîneur adjoint dans le staff du fleuret tricolore à l'automne 2017.

"Sur le très très haut niveau, il n'y a pas forcément de grosses différences. Ca s'est densifié de la 30e à la 100e place. Sur les Coupes du monde, c'est plus difficile de rentrer en tableau de 64 (début des phases finales)", ajoute l'ancien fleurettiste, basé jusqu'en 2017 au Creps d'Aix-en-Provence.

L'arrivée d'entraîneurs expérimentés dans les pays qui ont émergé a permis de "développer le niveau, et je trouve ça super: plus il y a de monde, plus le niveau est dur, plus on a d'émotion et plus on se fait plaisir", précise-t-il.

- "Ca s'est diversifé" -

Au-delà de cette internationalisation, c'est aussi le mode de fonctionnement qui a évolué.

"Je pense que la préparation est un peu plus professionnelle, on essaie de donner les moyens plus conséquents, de réfléchir à des choses plus pointues, notamment la préparation psychologique qu'il y avait moins", remarque de son côté Daurelle.

"Maintenant, les athlètes font beaucoup de choses, ça s'est diversifié. Les gens ont besoin de diversification. A l'époque, c'était un peu redondant. La vie fait que maintenant les gens se lassent vite et qu'il faut avoir un minimum de créativité dans l'entraînement", conclut-il.

Tous gardent un bon souvenir de l'épopée à Séoul, il y a 20 ans. "On était parti en stage à Kyoto avant, on avait un groupe qui s'entendait très bien, qui se connaissait depuis longtemps, depuis Atlanta et même avant, avec un mélange de vieux et de jeunes", abonde Lionel Plumenail.

Jean-Philippe Daurelle se remémore l'appel passé au maître d'armes qui l'avait fait débuter. "A l'époque, les appels n'étaient pas aussi libérés que maintenant. Je l'avais appelé dans la voiture, je m'en souviens très bien", glisse-t-il.

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