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HRW estime "mitigé" le bilan de Macron sur les droits de l'Homme

Le directeur de Human Rights Watch a qualifié jeudi de "mitigé" le bilan d'Emmanuel Macron en matière des droits de l'Homme, épinglant sa politique migratoire, des "pouvoirs antiterroristes abusifs" et "sa visite en Chine, où il a été très discret sur les droits humains".

La campagne électorale du candidat Macron a été "exceptionnelle" et la raison pourquoi l'ONG a choisi Paris pour présenter jeudi son rapport annuel, a souligné Kenneth Roth lors d'une conférence de presse.

Mais depuis son arrivée au pouvoir en mai 2017, la manière de gouverner de M. Macron "ne correspond pas tout à fait aux principes" édictés pendant sa campagne, qui avait été "un vrai tournant" contre la montée du populisme dans le monde, a ajouté le juriste.

M. Roth a d'abord critiqué la gestion de l'état d'urgence, remplacé en novembre 2017 par une nouvelle loi antiterroriste. "Plutôt que d'y mettre simplement fin, M. Macron a incorporé de nombreuses restrictions dans le droit commun sans aucune preuve que ces pouvoirs supplémentaires pour la police étaient nécessaires", a-t-il déclaré, disant craindre "des abus discriminatoires, en particulier envers la population musulmane".

Sur les migrants aussi, le bilan est "mitigé". "A son crédit, M. Macron a délivré un message très clair aux policiers à Calais (mardi), s'adressant directement à eux pour dire qu'aucun abus envers les migrants serait toléré."

HRW avait publié l'année dernière un rapport au vitriol accusant les forces de l'ordre de mauvais traitements sur des migrants à Calais.

Jugeant que le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb "continue à être dans le déni" sur ce sujet, le directeur de HRW estime que M. Macron a "été bien meilleur sur ce point".

Mais "en même temps", a regretté M. Roth, le président français "cherche à durcir la loi" envers les migrants, alors qu'un projet de loi asile-immigration doit être présenté en février. Le directeur de HRW a également dénoncé une circulaire très controversée sur le recensement des migrants dans l'hébergement d'urgence.

En termes de politique étrangère, Kenneth Roth a salué dans un entretien à l'AFP la fermeté du président face à ses homologues russe et turc. Mais il a regretté que le chef de l'Etat ait eu "à peine un mot" sur les droits de l'Homme lors de sa récente visite en Chine ou lors de la venue en France du président égyptien Abdel Fattah Sissi.

M. Macron a "aussi été très réticent à demander aux Saoudiens de cesser leurs atrocités au Yémen" et à pousser vers la sortie le président Joseph Kabila en République démocratique du Congo que la Constitution du pays n'autorise pas à se représenter.

"Il semble plus disposé à défendre les droits humains quand les intérêts commerciaux français ne sont pas en jeu", a estimé M. Roth.

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