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La crise s'aggrave aux Maldives, la Cour suprême ordonne au régime de lui obéir

La Cour suprême des Maldives, qui avait créé la surprise jeudi en cassant les condamnations de plusieurs prisonniers politiques de premier plan, a infligé dimanche un nouveau camouflet au régime du président Abdulla Yameen en lui ordonnant d'appliquer son arrêt.

Le gouvernement de cet archipel de l'Océan Indien a refusé de libérer les prisonniers comme le lui ordonnait la Cour et a mis en garde contre toute tentative de destitution ou d'arrestation du président Yameen. Mais la Cour suprême lui a enjoint dimanche de lui obéir.

"Rien n'empêche le procureur général de demander un nouveau procès une fois que l'arrêt aura été appliqué" et les détenus libérés, a fait remarquer la haute juridiction dans un communiqué.

Jeudi, la Cour avait cassé les condamnations pour "terrorisme, corruption, détournement de fonds et trahison" en 2015 de neuf opposants, dont celle de l'ancien président Mohamed Nasheed qui vit en exil au Royaume-Uni après avoir réussi à sortir de prison pour raisons médicales et à quitter les Maldives en 2016.

Dans la foulée de ce revers majeur pour le régime de Yameen, M. Nasheed avait annoncé vendredi son intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle.

La Cour avait également ordonné jeudi la réintégration de douze députés démis de leurs mandats pour avoir fait défection du parti de M. Yameen. Cette décision permet théoriquement à l'opposition de retrouver la majorité absolue au Majlis, le parlement de l'archipel qui compte 85 sièges, et lui donne le pouvoir de renverser le gouvernement et le président.

Mais le gouvernement des Maldives a pour l'instant refusé d'obtempérer aux injonctions de la Cour suprême malgré les appels de l'ONU, des Etats-Unis, de la France ou encore du Royaume-Uni, et a suspendu les travaux du Parlement.

La police a également arrêté dimanche deux députés de l'opposition qui avaient entrepris de rentrer aux Maldives.

Dans une allocution télévisée, le ministre de la Justice de l'archipel, Mohamed Anil, a fait savoir dimanche que le gouvernement campait sur ses positions.

"Tout mandat d'arrêt de la Cour suprême contre le président serait anticonstitutionnel et illégal. Alors j'ai demandé à la police et à l'armée de ne pas mettre en œuvre les ordres anticonstitutionnels".

Les autorités ont contraint samedi le Parlement à fermer tandis que deux dirigeants de la police qui avaient manifesté leur intention d'obéir à la Cour suprême ont été limogés.

Le Parti démocratique des Maldives, la première formation d'opposition, menée par l'ex-président Nasheed, a annoncé dimanche que ses députés avaient essayé d'organiser une réunion, en dépit de l'ordre de suspension du Parlement, mais qu'ils avaient été repoussés par des policiers armés

Des forces de sécurité sont déployés dans le Parlement depuis le mois de mars 2017, lorsque le président Yameen a ordonné l'expulsion des députés dissidents.

Le MDP a appelé le gouvernement à respecter les arrêts de la Cour suprême et mis en garde contre de possibles violences dans ce pays où vivent 340.000 musulmans sunnites.

"Les forces de sécurité doivent défendre la Constitution et servir le peuple des Maldives", a tweeté Mohamed Nasheed dimanche. Il a par ailleurs déclaré que le refus du gouvernement d'obéir à la Cour suprême était comparable à un "coup d'Etat".

La répression menée contre l'opposition par le président Yameen ces dernières années a terni l'image paradisiaque de ce petit archipel, haut-lieu du tourisme de luxe.

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