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Sécurité: Macron détaille les réformes et esquisse son programme

"Simplification" de la procédure pénale, doublement des policiers sur le terrain, loi de programmation: à sept mois de la présidentielle, Emmanuel Macron a détaillé mardi à Roubaix les réformes qu'il souhaite voir aboutir en matière de sécurité, d'ici la fin du quinquennat et au-delà.

Le chef de l'Etat s'exprimait à l'école nationale de police en clôture du Beauvau de la sécurité, vaste consultation lancée en février.

Devant policiers et gendarmes, mais aussi élus de cette région, dont Xavier Bertrand, en tête des sondages parmi les candidats de droite à la présidentielle, le chef de l'Etat a annoncé un budget supplémentaire de 500 millions d'euros en 2022 pour le ministère de l'Intérieur. Soit une augmentation totale de 1,5 milliard d'euros l'année prochaine.

Parmi les propositions du président Macron, qui a appelé à "repenser les grands équilibres de la procédure pénale": une "simplification drastique" de la conduite des enquêtes et une "nouvelle écriture du code". Alors que doivent s'ouvrir prochainement des "Etats généraux de la justice", il a demandé au garde des Sceaux de lui proposer "d'ici trois mois", "des mesures très concrètes".

Il a répété vouloir "plus de bleu" dans la rue et "doubler en dix ans" la présence sur le terrain des policiers et gendarmes et a demandé qu'une réforme de leurs horaires soit présentée début 2022 pour permettre d'ores et déjà un accroissement de leur présence.

Il a également souhaité la mise en place de "la plainte en ligne" en 2023. Un centre de formation sur le maintien de l'ordre pour les policiers sera créé, a aussi annoncé le chef de l'Etat, alors que l'action de ces derniers a été critiquée lors des manifestations, notamment pendant le mouvement des "gilets jaunes".

Pour traduire ces annonces dans les textes, Emmanuel Macron a confirmé l'élaboration d'une loi de programmation et d'orientation pour la sécurité intérieure (Lopsi), qui sera présentée début 2022, mais ne pourra être votée sous ce quinquennat.

Ce texte, qui doit planifier sur cinq ans l'action du gouvernement en matière de sécurité, devrait ainsi d'abord constituer la trame du volet sécurité du programme du chef de l'Etat pour la présidentielle.

- "Discours de candidat" -

M. Macron a également annoncé la mise en place d'"une instance de contrôle parlementaire des forces de l'ordre", sur le modèle de la délégation parlementaire au renseignement. Une manière de répondre aux critiques visant l'IGPN ("la police des polices"), accusée de manquer d'indépendance, en particulier dans les dossiers de violences policières.

"Quand on aime nos forces de l'ordre, on ne leur passe pas tout", a déclaré M. Macron, en soulignant dans le même temps que seuls "4%" des 7.500 appels reçus sur la plateforme anti-discriminations lancée en février concernaient "les forces de l'ordre et leur déontologie".

Le Beauvau, rythmé pendant sept mois par huit tables rondes - sur le thème de la formation, de l'encadrement ou encore de la captation vidéo - avait été lancé après le tabassage par des policiers de Michel Zecler, producteur de musique noir, en novembre 2020 à Paris.

Après cette affaire, M. Macron avait reconnu l'existence de contrôles au faciès et des violences de la part des policiers. Des déclarations qui avaient fait hurler les syndicats de police. Le Beauvau avait été décidé pour répondre à leur colère.

Le discours de mardi est "favorable aux forces de l'ordre" et "satisfaisant", a réagi auprès de l'AFP Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance, ajoutant attendre "la déclinaison en actes" des annonces. "Les mots ont été assez bien choisis" et l'effort budgétaire "reste quelque chose d'inédit", mais il faut voir "comment l'institution va pouvoir répondre" aux déclarations, notamment en matière de formation (portée à 12 mois) ou de ressources humaines, a aussi jugé Grégory Joron, d'Unité SGP-Police.

L'Unsa-Police a lancé une mise en garde après l'annonce de la création de l'instance de contrôle parlementaire : la police "figure déjà parmi les institutions les plus contrôlées de la fonction publique", assure le syndicat dans un communiqué. "Si les policiers ne craignent pas la transparence de leurs missions, ils n'accepteront pas d'être instrumentalisés".

Chez les politiques, plusieurs élus de droite comme de gauche ont critiqué les conclusions du Beauvau. Emmanuel Macron "est passé à côté de la sécurité pendant tout son mandat", a lancé Xavier Bertrand, pour qui il s'agissait d'un "discours de candidat".

"En quatre ans et demi rien n'a été fait et rien ne sera fait si c'est cinq ans de plus", a de son côté jugé Hugo Bernalicis, député LFI du Nord.

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