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Marion Maréchal pose les jalons d'un retour en politique

Sans le nom Le Pen, Marion Maréchal a posé cette semaine les jalons d'un retour en politique, en dévoilant son projet d'école, fer de lance d'un combat d'idées ultra-conservatrices, au risque de faire de l'ombre à sa tante Marine Le Pen.

Pour prendre son envol, l'ancienne députée du Vaucluse, qui a toujours sa carte au Front national, a d'abord effacé la semaine dernière le nom Le Pen de ses comptes Facebook et Twitter.

Elle juge ce patronyme, étroitement associé au FN, co-fondé et présidé près de 40 ans par son grand-père Jean-Marie, trop "politique" même si elle n'en a pas "honte" et reconnaît qu'il l'a aidée à remporter les législatives de 2012.

Délestée d'un nom porté aussi par sa tante, patronne du FN, Marion Maréchal a présenté mardi son école de sciences politiques, qu'elle dirigera et qui ouvrira en septembre à Lyon, y révélant ses réseaux à l'extrême droite. Puis elle a pris deux fois la parole jeudi, pour la première fois en France depuis son départ de l'arène politique il y a un an. Elle s'exprimera à nouveau le 31 mai.

La jeune femme de 28 ans n'a pas renoncé à la politique. "Je referai peut-être des choses" car "je suis incapable de rester indifférente à l'état de mon pays", a-t-elle confié à TML Lyon.

- "Pensée conservatrice" -

"Ce n'est pas un vrai retour dans le sens où elle ne s'inscrit pas dans un parti politique mais elle prend date et se définit un espace", explique Christian Delporte, auteur de "Come back! ou l'art de revenir en politique" (Flammarion, 2014).

"Lorsqu'on active ses réseaux, qu'on développe une école qui ressemble à un laboratoire d'idées, qui draine les jeunes, on constitue un vivier de cadres et de militants au service d'une ambition", selon lui.

Le politologue Jean-Yves Camus note que son école "reçoit la même couverture médiatique que la création d'un nouveau parti".

Marion Maréchal affirme défendre un "combat culturel et métapolitique" de "valeurs civilisationnelles", qui dépasse la politique électorale ou partisane, même si l'élection en est la "finalité".

Pour M. Camus, cette démarche est surtout "le signal de la constitution d'une pensée politique conservatrice à la française", qui se fait "davantage entendre" que celle de la gauche social-démocrate, et que la jeune femme va "essayer de transformer en force politique".

Toutes les tendances de l'extrême droite (catholique traditionaliste, royaliste, néofasciste...) sont représentées parmi les intervenants de son école.

Cette partisane d'une "union des droites" est prête à y accueillir aussi le président de LR Laurent Wauquiez ou des représentants de Debout la France et du Parti Chrétien-Démocrate.

- Marion a déjà "gagné" au FN -

Elle "prépare une alternative" à sa tante Marine Le Pen, "étoile descendante" quand sa nièce est qualifiée d'"étoile montante" de l'extrême droite, estime M. Delporte.

Marion Maréchal, qui reste très populaire au sein du FN, est la troisième personnalité politique que les Français souhaitent le plus voir jouer un rôle à l'avenir, selon l'institut BVA. Chez les sympathisants FN, elle a bondi en mai de 7 points quand sa tante a chuté d'autant.

L'attente au FN est à la hauteur de la déception et de "la frustration" que l'échec de Marine Le Pen à la présidentielle a généré, rappelle M. Camus.

Reste à savoir quand et comment la jeune femme repartira à la conquête des électeurs.

Elle aura besoin d'un parti et pas d'une "nébuleuse" du type En Marche, estime M. Camus, car "à droite, les gens ont le sens de l'autorité".

L'ancien conseiller souverainiste de Marine Le Pen, Florian Philippot pense qu'"idéologiquement", Marion Maréchal a déjà "gagné au sein du FN". "Autour de Marine Le Pen, il n'y a que des amis de Marion Maréchal".

Cependant, selon M. Delporte, non seulement Marion Maréchal "ne doit pas se faire oublier" mais elle ne doit pas "manquer la fenêtre du retour".

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