Accueil Actu

Mondiaux-2018: Riner passe son tour, une première

Plus d'une décennie que ce n'était pas arrivé: le judo français monte sur les tatamis sans sa locomotive Teddy Riner, qui se préserve en vue des JO-2020, aux Championnats du monde à partir de jeudi à Bakou, en Azerbaïdjan.

Invariablement, depuis 2007 et sa révélation à Rio, à 18 ans seulement, Riner avait pris l'habitude de se parer d'or mondial en poids lourds. De quoi se constituer, au fil des ans, une collection de huit couronnes en +100 kg, ajoutées à deux en toutes catégories, qui ont fait de lui à la fois le boss incontesté du judo mondial et l'assurance tous risques de l'équipe de France.

Mais à 29 ans, le colosse (2,03 m, autour de 140 kg) passe son tour, attaché à préserver son "corps usé" - c'est lui qui le dit - par les efforts à répétition et à ne pas épuiser son stock de motivation en vue de son objectif N.1: la conquête d'un troisième sacre olympique à Tokyo dans deux ans, du jamais-vu chez les poids lourds.

"Pour cela, il lui faudra toute la fraîcheur physique et psychologique", résume à l'AFP son entraîneur de longue date, Franck Chambily.

- Agbegnenou, "le titre ou rien" -

On n'a plus vu le double champion olympique en titre combattre depuis mi-novembre dernier à Marrakech, théâtre de son dixième titre mondial. D'une année "light" envisagée, au cours de laquelle il prévoyait initialement de participer à deux tournois, il vit finalement une année blanche, sans aucune sortie en compétition.

"Il faut savoir lever le pied pour pouvoir durer", soulignait au printemps Riner, invaincu depuis septembre 2010 et 144 combats.

"C'est comme une Formule 1, il faut en prendre soin afin qu'il soit en pleine possession de ses capacités physiques", ajoutait Chambily, partisan de faire l'impasse jusqu'aux JO-2020 sur les Championnats du monde "où il est attendu chaque année, a une épée de Damoclès au-dessus de la tête."

En l'absence de sa superstar, le judo tricolore compte surtout sur ses combattantes pour tenter au moins d'égaler sa moisson millésime 2017, sa plus maigre depuis 2009: deux médailles d'or plus une en bronze en individuel.

En tête, il mise sur Clarisse Agbegnenou (-63 kg), vice-championne olympique en titre, double championne du monde (2014 et 2017) et triple championne d'Europe (2013, 2014 et 2018). La tenante des couronnes mondiale et européenne ne cache pas ses ambitions: "le titre ou rien". "Les autres médailles, je les ai déjà et je ne les veux pas. Par contre, la médaille d'or, je la veux toujours !", lance-t-elle.

- Où sont les hommes ? -

Dans son sillage, la délégation féminine a des allures d'armada, entre médaillées olympiques, Audrey Tcheuméo (-78 kg, argent en 2016 et bronze en 2012) et Priscilla Gneto (-57 kg, bronze en -52 kg en 2012), médaillées mondiales, Hélène Receveaux (-57 kg, bronze en 2017) et Amandine Buchard (-52 kg, bronze en -48 kg en 2014), et valeurs montantes, à l'image de Marie-Eve Gahié (-70 kg, 21 ans) et Madeleine Malonga (-78 kg, 25 ans).

Si le groupe féminin est déjà "mature", l'équipe masculine est encore "jeune" et en "reconstruction", selon le directeur des équipes de France Stéphane Traineau. Cinq des neuf sélectionnés le sont pour la première fois en individuel aux Mondiaux (Mkheidze, Jean, Chaine, Djalo et Diesse). Avant même de penser au podium - "la cerise sur le gâteau", dixit Chambily - l'encadrement tricolore attend de ces "nouvelles têtes un comportement, un état d'esprit combattant", oriente le responsable des Bleus, tout en appelant à leur "laisser le temps de se construire".

Il y a un an à Budapest, aucun judoka français n'avait atteint les quarts de finale. Pire, aux Championnats d'Europe à Tel Aviv au printemps, sept des neuf engagés étaient tombés dès leur premier combat.

Riner absent, il est le pilier des Bleus: à 31 ans, Cyrille Maret (-100 kg), médaillé de bronze olympique en 2016 et double médaillé d'argent européen (2017 et 2018), vise le seul podium qui manque à son palmarès.

À lire aussi

Sélectionné pour vous