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Motion de censure Nupes: malaise chez certains après l'apport des voix RN

"Flibusterie", "opportunisme" et simple poursuite d'une stratégie de "dédiabolisation": le vote lundi par les députés RN de la motion de censure présentée par l'alliance de gauche a pu gêner certains.

Les élus d'extrême droite ont pris par surprise la Nupes en joignant leurs voix aux leurs pour tenter de faire tomber le gouvernement - une décision justifiée par leur patronne Marine Le Pen par "l'arrogance" de l'exécutif.

La cheffe de file des députés écologistes Cyrielle Chatelain, qui a défendu devant l'Assemblée nationale la motion de la Nupes contre le gouvernement, s'est dite pas dupe de ce "coup" devant la presse. "Ça fait sans doute partie de leur stratégie de dédiabolisation", qui "est alimentée malheureusement par ceux qui nous renvoient sans cesse dos à dos", a-t-elle déclaré.

La Première ministre Élisabeth Borne comme la majorité ont épinglé une "alliance contre-nature" des oppositions. Et les députés de gauche ont dû justifier ce vote conjoint.

Selon le communiste Sébastien Jumel, il s'agit de la part du RN d'"une posture politicienne". "Chez moi, on dit chacun son pain, chacun son hareng. Dans le débat, le FN (sic) s'est opposé au rétablissement de l'ISF, dans le débat pouvoir d'achat, le FN a refusé l'augmentation du Smic. Sur un certain nombre de sujets, il n'est pas la peine de passer du temps pour montrer nos divergences", a relevé l'élu de Seine-Maritime.

"Que le RN vote notre motion ne me dérange pas. Une motion, c'est pas pour la beauté des nuages", mais bien pour renverser le gouvernement, a affirmé le président de la commission des Finances, Eric Coquerel (LFI). Et sans la réunion des voix des oppositions, ce renversement n'est pas possible.

"Je suis heureuse que le RN soit obligé de reconnaître le leadership de la Nupes dans ce moment institutionnel où le Parlement se dresse contre l'abus de pouvoir du 49.3. LR devrait faire pareil", a taclé l'insoumise Raquel Guarrido sur Twitter. Des députés LFI avaient un temps envisagé de voter la motion RN.

"La droite sauve le gouvernement de justesse. Il manquait 50 voix pour éjecter le gouvernement. Nous sommes prêts pour la relève", s'est félicité Jean-Luc Mélenchon.

- "CNR" et "Mendès France" -

La patronne du groupe RN, Marine Le Pen, a aussi visé les LR: "le gouvernement peut remercier Les Républicains, qui n'ont pas souhaité voter (les motions). Ils n'ont même pas jugé bon d'en déposer une. Désormais, il n'y a plus aucun doute: ils sont les alliés d'Emmanuel Macron".

Des élus de la majorité ont propagé le mot dièse #RNUPES. Et certains ont moqué des motions qui "s'entrelacent et s'embrassent". "Ils sont tout près de vouloir former un gouvernement de fusion nationale", a raillé Robin Reda (Renaissance).

L'écologiste Benjamin Lucas n'a pas manqué de rétorquer que "la macronie oublie bien vite et avec une malhonnêteté intellectuelle d'une rare ampleur le barrage républicain qui l'a conduite et reconduite au pouvoir".

Trois écologistes n'ont pas pris part au scrutin sur la motion, Sébastien Peytavie et Jean-Claude Raux, qui ont tous les deux expliqué qu'ils souhaitaient la voter mais qu'un problème était survenu dans leur délégation de vote, ainsi que Jérémie Iordanoff, qui "refuse de mêler sa voix" à celles de l'extrême droite.

A l'inverse, un seul député LFI, Jean-Philippe Nilor, a voté la motion de censure présentée par le RN.

La gauche a ensuite tenu à marquer ses distances dans la soirée lundi lors du débat de censure sur le budget de la Sécu. Le socialiste Jérôme Guedj a situé la Nupes "aux antipodes de l'extrême droite", assimilant la gauche au Conseil national de la Résistance et renvoyant l'extrême-droite à la Collaboration.

L'Insoumis Alexis Corbière a rendu hommage à Pierre Mendès France, expliquant qu'une intervention à l'Assemblée de Jean-Marie Le Pen en 1958 avait déclenché "une des pires campagnes antisémites qu'un président de Conseil ait connu".

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