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Policiers brûlés à Viry-Châtillon: le parquet veut un procès aux assises pour 13 suspects

L'affaire avait déclenché un mouvement de fronde inédit chez les forces de l'ordre : le parquet d'Evry a requis un renvoi aux assises pour 13 des 17 mis en examen pour l'attaque aux cocktails Molotov de policiers à Viry-Châtillon en 2016.

Si les juges d'instruction en charge du dossier suivent ces réquisitions, les 13 suspects --dont trois étaient mineurs au moment des faits-- seront jugés pour tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique devant la cour d'assises de mineurs. Un non-lieu a en revanche été requis pour les quatre autres mis en examen.

Le 8 octobre 2016, deux véhicules de police stationnés en lisière de la Grande Borne, une cité difficile à cheval sur les communes de Grigny et Viry-Châtillon (Essonne) avaient été pris d'assaut par un groupe de personnes encagoulées et gantées armées de 13 cocktails Molotov.

L'équipe de policiers était en mission de surveillance près du "carrefour du Fournil", connu pour ses vols avec violences sur des automobilistes, quand leurs agresseurs ont brisé les vitres de leurs véhicules et les ont incendiés, en tentant de bloquer les policiers à l'intérieur.

Les deux véhicules s'étaient embrasés, deux policiers avaient été grièvement brûlés et deux autres légèrement blessés. Le plus touché, "physiquement très marqué" selon un de ses supérieurs, a subi une deuxième opération de greffe au visage en novembre dernier.

"Alors que le traumatisme est toujours présents dans nos rangs, on attend des sanctions très fortes par rapport à l'acte atroce commis", a réagi après l'annonce du réquisitoire du parquet Claude Carillo, délégué en Essonne du syndicat de police Alliance.

L'agression avait eu un immense retentissement et déclenché une fronde inédite et spontanée de policiers "en colère", qui, bravant leur devoir de réserve, avaient défilé durant plusieurs semaines à Paris et dans plusieurs villes de France pour exprimer leur "malaise" face à la "haine anti-flics", et dénoncer le manque de moyens.

- Pas d'aveux ni de témoins -

Les "sauvageons" qui ont perpétré de cette "attaque barbare" seront rattrapés", avait promis le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve.

Pas de témoins visuels, une vidéosurveillance de piètre qualité, l'omerta du quartier et surtout pas d'aveux: les enquêteurs ont dû réaliser un travail de fourmi pour recueillir "des indices concordants", mais n'ont pas réunir des "preuves irréfutables", selon un policier connaisseur du département.

Les 17 mis en examen dans cette affaire complexe - le dossier fait 22 tomes - étaient âgés de 16 à 21 ans lors de l'attaque. Douze d'entre eux ont été placés en détention provisoire et cinq ont obtenu une remise en liberté avec contrôle judiciaire. La plupart appartiennent à une même bande, connue dans le quartier de la Grande Borne, labyrinthe de 3.600 logements sociaux considéré comme l'une des cités les plus sensibles d'Ile-de-France.

"On est satisfait que la tentative d'assassinat n'ait pas été retenue", a commenté Me Deborah Meier-Mimran, l'avocate d'un des suspects, estimant tout de même que son client est "innocent". Un autre a déjà prévu de déposer des observations.

Les avocats disposent d'un délai de dix jours émettre des observations et les juges d'instruction pourraient prendre leur ordonnance dans quelques semaines.

Selon l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), 5.767 policiers ont été blessés en mission en 2016, un chiffre en augmentation notamment s'agissant des agressions avec armes.

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