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Violences après la mort d'Adama Traoré: un de ses frères renvoyé aux assises

Accusé d'avoir tiré sur les forces de l'ordre après la mort de son frère Adama dans une caserne de gendarmerie en juillet 2016 en région parisienne, Bagui Traoré a été renvoyé mardi devant les assises pour tentative d'assassinat.

Le décès d'Adama Traoré, 24 ans, lors de son arrestation avait déclenché cinq nuits d'affrontements dans le Val-d'Oise. Treize gendarmes et policiers avaient été légèrement blessés par arme à feu.

Identifié par les enquêteurs comme l'un des tireurs, ce qu'il conteste, Bagui Traoré avait été mis en examen en mars 2017 pour tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique.

Mardi, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles a ordonné son renvoi devant les assises pour ce chef, a appris l'AFP de sources proches du dossier.

La chambre de l'instruction a suivi l'analyse du ministère public, qui contestait la décision du juge d'instruction de le renvoyer en correctionnelle pour des qualifications moins graves de violences volontaires.

Les parties ont cinq jours pour se pourvoir en cassation.

Bagui Traoré doit être jugé au côté de cinq autres personnes.

"On n'a aucun doute sur le fait que l'innocence de Bagui Traoré sera reconnue par la cour d'assises", a déclaré à l'AFP son avocat Florian Lastelle. "Il n'y a aucun élément permettant de conforter l'accusation. Nous avons extrêmement hâte de nous défendre", a-t-il ajouté.

Contactée, la porte-parole de la famille, Assa Traoré, n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.

Avocate d'une partie des gendarmes, Caty Richard a estimé "parfaitement justifié que ce soit un jury populaire qui juge de tels troubles à l'ordre public et de telles atteintes à des personnes dépositaires de l'autorité publique".

- Quatre frères Traoré en détention -

Depuis 2016, Bagui et trois autres frères Traoré ont été incarcérés. La famille dénonce un "acharnement judiciaire" motivé par son combat pour faire la lumière sur la mort d'Adama, érigé en symbole des violences policières.

Bagui Traoré a notamment été condamné pour trafic de drogue et extorsion violente - cette affaire de racket étant à l'origine de l'intervention des gendarmes le 19 juillet 2016.

Présent, Adama Traoré avait pris la fuite et été rattrapé au terme d'une course-poursuite dans sa ville de Beaumont-sur-Oise. Son décès avait été constaté peu après dans la caserne de la ville voisine de Persan.

Les juges d'instruction parisiens chargés de l'enquête sur sa mort avaient bouclé une première fois leurs investigations mi-décembre sans avoir mis en examen les gendarmes, faisant craindre à la famille un non-lieu.

Cette dernière a depuis versé au dossier un rapport médical contredisant les conclusions d'autres médecins sur le décès, jusqu'ici attribué à l'état de santé antérieur du jeune homme. Les magistrats ont décidé en avril d'ordonner une nouvelle expertise.

Dès son démarrage, l'enquête a été marquée par un climat de défiance vis-à-vis des autorités, alimenté par l'annonce tardive du décès et la communication contestée du procureur de Pontoise à l'époque. Cinq mois après les faits, le dossier avait été dépaysé à Paris à la demande de la famille.

Elle n'a de cesse de dénoncer une interpellation violente, accusant aussi les gendarmes de ne pas avoir secouru le jeune homme, laissé menotté jusqu'à l'arrivée des pompiers.

Pour la troisième année consécutive, une marche en mémoire d'Adama Traoré est organisée le 20 juillet à Beaumont-sur-Oise. Sous le mot d'ordre "Ripostons à l'autoritarisme !", le Comité Adama appelle les "habitants des quartiers populaires, gilets jaunes, militants du mouvement social "à se mobiliser.

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