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"Dans certains groupes armés, on scie le bout des Kalachnikov pour qu'ils puissent la porter": la réalité des enfants-soldats

Imaginez votre enfant à 12 ans portant une mitraillette à la main, prêt à l'utiliser, à faire la guerre. Ce n'est pas de la fiction, "malheureusement ça existe encore" déplore Véronique Crannenbroek, fondatrice de l'ASBL Wapa. Elle est l'invitée du RTL Info Bienvenue pour en parler. L'association Wapa lutte contre les enfants soldats et participent aussi à leur réinsertion.

"À 12 ans, c'est un âge relativement moyen. Il y a des enfants qui sont enrôlés plus jeunes malheureusement. On a vu et on a lu aussi, les enfants peuvent avoir en-deçà de 10 ans. Des garçons de 8, 9 ans par exemple. On sait que dans certains groupes armés, on sciait le bout des Kalachnikov pour que l'arme soit moins lourde et que l'enfant puisse la porter", rapporte Véronique Crannenbroek.

Enlèvements d'enfants

On estime à 150.000 à 300.000 enfants soldats enrôlés dans les groupes armées dans le monde selon la fondatrice de Wapa. Les Nations unies ont recensé 7.000 nouveaux cas de recrutement vérifiés pour 2018. "À chaque pays, à chaque conflit son histoire, ajoute Véronique Crannenbroek. Par exemple l'Ouganda qui a été un exemple malheureux en termes de recrutement d'enfants, on sait que c'était ce qu'on appelle du recrutement forcé, c'est-à-dire que les milices armées venaient dans les écoles, dans les familles, dans les villages pour vraiment enlever les enfants. Certains pays ont une malheureusement tradition dans le recrutement d'enfants soldats. On pense souvent aux pays d'Afrique, c'est le cas du Congo".

À l'occasion de la journée internationale des enfants soldats, l'UNICEF sonne l'alarme sur la situation au Soudan du Sud également. Les programmes apportant un soutien vital aux enfants libérés de plusieurs groupes armés dans le pays pourraient être contraints de se terminer prématurément si les fonds nécessaires ne sont pas fournis. L'agence onusienne indique par ailleurs que plus de 170.000 violations graves contre les enfants ont été enregistrées lors de conflits, au cours de la dernière décennie.

Pas moins de 900 enfants sont déjà enregistrés dans le programme de réintégration d'enfants soldats au Soudan du Sud. Celui-ci, d'une durée de trois ans, prévoit un soutien psychosocial, des services d'éducation, l'accompagnement par un travailleur social dédié et d'autres soins pour aider les enfants à reconstruire leur vie. Son coût s'élève à environ 1.800 euros par enfant.

3.677 jeunes aidés par le programme

L'Unicef, qui prévoit d'aider quelque 2.100 enfants en 2020, estime avoir besoin de 3,9 millions d'euros afin de couvrir les nouvelles libérations ainsi que l'inscription aux programmes de réintégration et la poursuite de ces derniers pour les enfants récemment libérés. Depuis 2015, ce plan a permis d'aider 3.677 jeunes qui étaient utilisés par les forces armées au Soudan du Sud.

L'agence prévient que le projet, en manque de financement depuis plus d'un an, risque d'être suspendu si de nouvelles ressources ne sont pas mises à disposition. Elle exhorte la communauté internationale, en particulier l'Union européenne, la France, l'Allemagne, la Norvège, la Suède, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada à prendre l'initiative d'assurer un avenir aux enfants les plus vulnérables et à aider à bâtir un avenir stable et pacifique dans le pays.

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