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Présidentielles américaines: Joe Biden "renaît de ses cendres comme un phénix"

Donné politiquement mort il y a encore deux semaines, Joe Biden a effectué mardi un retour fracassant dans la course à l'investiture démocrate, se présentant comme un phénix renaissant au bout d'une vie marquée par la tragédie. Bernie Sanders, lui, limite la casse grâce à sa victoire en Californie.

"Il y a à peine quelques jours, les médias et les commentateurs avaient déclaré la mort de cette candidature", a lancé mardi un Joe Biden remonté à bloc, en Californie.

"Hé bien je suis là pour le dire: nous sommes bien vivants", a-t-il ajouté sous les cris et applaudissements de ses supporteurs.

Fort d'une impressionnante série de victoires à l'occasion du "Super Tuesday", l'ancien vice-président de Barack Obama a désormais le vent en poupe dans une primaire dans laquelle "Bernie" était archi-favori il y encore deux semaines. Illustration de cet étonnant "comeback", M. Biden a, au terme d'un coude-à-coude plein de suspense, arraché à M. Sanders l'Etat du Texas, un important vivier de délégués.

Du Maine à la Californie, plusieurs millions d'Américains se sont rendus aux urnes pour participer à la désignation de l'adversaire de Donald Trump qui briguera le 3 novembre un deuxième mandat de quatre ans.

Sanders limite la casse

Grâce à sa victoire en Californie, le sénateur du Vermont qui se revendique "socialiste" a limité la casse. Cet état est crucial en termes de nombre de délégués. Il en compte 415. Lors d'une allocution depuis Essex Junction, dans le Vermont, Bernie Sanders a martelé, fidèle à son style combatif, sa certitude de parvenir à la victoire finale.

"Je vous le dis avec une confiance absolue: nous allons emporter la primaire démocrate et nous allons battre le président le plus dangereux de l'histoire de ce pays", a-t-il lancé devant une foule enthousiaste, multipliant les piques envers son rival sans jamais le nommer.

Warren et Bloomberg: les flops

Le grand perdant de la soirée est le milliardaire Michael Bloomberg, qui s'est lancé très tard dans la course mais espérait, grâce à son immense fortune personnelle, déjouer les pronostics. Très loin derrière ses adversaires, il a en particulier obtenu des résultats médiocres en Virginie, Etat emblématique dans lequel il avait lourdement investi.

L'autre revers cruel est celui essuyé par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren qui a passé une très mauvaise soirée, perdant même dans son fief du Massachusetts. Si elle n'a pas encore annoncé son retrait, son rêve de devenir la première présidente des Etats-Unis semble s'être définitivement envolé.

Un "socialiste" vs un "vice-président"

Joe Biden, vieux routier de la politique américaine, se présente comme l'homme de la "garantie de résultats" face à "la promesse de révolution" de son grand rival qui se revendique "socialiste". Au total, les primaires de mardi permettront de distribuer plus d'un tiers des délégués (sur un total de 3.979) qui désigneront leur candidat lors de la convention démocrate de juillet.

Après un démarrage catastrophique, Joe Biden a réussi une remontée exceptionnelle en remportant largement la Caroline du Sud et son vote afro-américain jugé indispensable pour tout prétendant démocrate. Dans la foulée, il a engrangé lundi le soutien de trois ex-candidats: le jeune Pete Buttigieg, révélation des primaires, la sénatrice Amy Klobuchar, populaire dans le Midwest, et le Texan Beto O'Rourke. Les candidats qui se sont désistés en faveur de l'ancien vice-président espèrent lui permettre de faire barrage à "Bernie".

"Come-back kid"

Donnant un accent personnel à ses résultats, il a dédié ses victoires "à tous ceux qui ont été mis à terre, ignorés, laissés pour compte."

Combatif, il se montrait sous ses célèbres lunettes aviateur dans une vidéo qu'il a tweetée avec le hashtag #Joemomentum: un jeu de mots sur son prénom et le grand "élan", ou "momentum" en anglais, que les candidats à la Maison Blanche espèrent toujours trouver, et dont il semblait bien profiter mardi.

Joe Biden l'avait martelé pour tenter de dépasser ses deux premiers piteux résultats, début février, dans l'Iowa et le New Hamsphire --des Etats à la population peu diverse--: "Nous n'avons pas encore entendu les membres les plus engagés du parti démocrate: les Afro-américains".

Puis en Caroline du Sud samedi, après sa première victoire dans cet Etat où les Noirs représentent une majorité des électeurs démocrates, il avaient salué le "coeur" du parti démocrate.

"Le come-back kid!" lui avait hurlé un partisan dans le Nevada, un autre Etat aux minorités plus importantes, où il est arrivé deuxième le 22 février.

L'allusion au retour de Bill Clinton dans les primaires en 1992, avait fait sourire celui dont les gaffes avaient contribué ces derniers mois à nourrir l'image d'un candidat vacillant.

Mais sa victoire en Caroline du Sud a déclenché en quelques heures une dynamique extraordinaire, provoquant l'abandon des candidats modérés Pete Buttigieg et Amy Klobuchar. Et leur ralliement derrière sa candidature, avec l'autre ex-candidat Beto O'Rourke ainsi qu'une cascade d'élus dont l'influence locale peut se montrer décisive.

Se posant en rassembleur, il leur a attribué en partie ses bons résultats mardi soir.

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