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90 secondes pour comprendre: pourquoi Poutine soutient Bachar el-Assad en Syrie?

Le président Russe l’a rappelé cette semaine devant l’Assemblée générale de l’ONU. Il est favorable à une intervention militaire coalisée contre l'Etat islamique, mais pas contre le régime de Bachar el-Assad. Pourquoi ce soutien inconditionnel?

Les raisons sont multiples. Historiques tout d’abord. Depuis toujours, l’empire russe a souhaité avoir un accès à la mer Méditerranée. En 1971, à la fin de la guerre froide, le président Hafez el-Assad, le père de Bachar, a signé un accord avec l’URSS. Depuis, les Russes possèdent une base navale à Tartous, dans l’ouest de la Syrie. La seule en Méditerranée. Il lui faut donc la protéger.

L’intérêt russe est aussi de se protéger des islamistes. La fin d’un régime laïc en Syrie pourrait avoir des conséquences directes à l’intérieur de ses frontières. Actuellement, de nombreux combattants de Daesh sont issus des minorités sunnites du Caucase, notamment des Tchétchènes. L’arrivée des islamistes au pouvoir en Syrie pourrait exporter le conflit aux frontières moyen-orientales de la Russie et provoquer une vague d’émigration des minorités de ces régions.

Et puis, il y a une question d’influences. La Russie veut rester un acteur incontournable dans cette région du globe. Prouver qu’elle est indispensable dans la gestion de ce conflit. Ça avait déjà été le cas en Libye. En acceptant de ne pas opposer de veto à la résolution de l’ONU sur une intervention militaire, les Russes, dirigés par Dimitri Medvedev à l’époque, avaient permis le renversement du régime Kadhafi. Il n’en avait par contre reçu aucune gratitude de la part des autres pays occidentaux.


Et donc, cette fois, pas question pour eux de céder. Aussi parce que Vladimir Poutine n’a pas la même vision du monde que son prédécesseur. Il considère que la souveraineté des Etats est sacrée. Intervenir dans la gestion interne d’un pays ne fait selon lui qu’aggraver le chaos général. En cela, il s’appuie sur l’exemple de l’intervention américaine en Irak.

En soutenant une coalition anti-terroriste contre Daesh, mais en imposant le maintien du régime en place, la Russie se pose, pour les pays du Moyen Orient, en interlocuteur alternatif aux Etats-Unis et leurs alliés. La position russe a en tous cas le mérite d’être très claire. Depuis le début du conflit, Vladimir Poutine n’a pas transigé une seule fois sur son soutien au régime de Bachar el-Assad, contre les troupes terroristes de Daesh.

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