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Conflit israélo-palestinien: Palestiniens et Israéliens s'accusent mutuellement auprès de l'ONU

Les frappes israéliennes ont tué dimanche au moins 42 Palestiniens à Gaza, tandis qu'une attaque à la voiture-bélier a blessé plusieurs policiers israéliens à Jérusalem-Est, au 7e jour d'un conflit d'une "intensité jamais vue" selon la Croix-Rouge internationale (CICR).

La nouvelle explosion de violence, déclenchée le 10 mai entre Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza, a suscité la vive inquiétude à l'ONU: le secrétaire général Antonio Guterres a averti qu'elle risquait "de provoquer une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable", en ouverture d'une réunion urgente du Conseil de sécurité.

C'est précisément devant le Conseil de sécurité qu'Israéliens et Palestiniens se sont accusés mutuellement.

Israël accuse à l'ONU le Hamas d'avoir "prémédité" le conflit

L'ambassadeur israélien aux Etats-Unis et auprès de l'ONU, Gilad Erdan, a accusé dimanche le mouvement palestinien Hamas d'avoir "prémédité" une guerre avec Israël et de vouloir "s'emparer du pouvoir en Cisjordanie", lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le Proche-Orient.

"Le Hamas a choisi d'accélérer des tensions, utilisées comme prétexte, pour commencer cette guerre" avec Israël, a affirmé le diplomate israélien, en évoquant une "manipulation palestinienne".

Il n'y a "aucune justification au tir aveugle de roquettes contre des civils", a-t-il souligné. Les Palestiniens "utilisent des boucliers humains", augmentant le nombre de victimes civiles, a assuré Gilad Erdan.

Il a réclamé au Conseil de sécurité de l'ONU de condamner les attaques à la roquette, alors que ses 15 membres peinent à s'entendre sur une déclaration commune depuis une semaine.

Selon l'ambassadeur israélien, qui a salué le soutien apporté à son pays par les Etats-Unis, l'Etat hébreu n'avait "pas d'autre choix" que de riposter aux attaques des Palestiniens pour les faire cesser.

Les Palestiniens accusent Israël de "crimes de guerre" devant l'ONU

Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al-Maliki, a accusé dimanche Israël de "crimes de guerre" devant le Conseil de sécurité de l'ONU, en dénonçant "l'agression" d'Israël contre "le peuple" palestinien et ses "lieux saints".

"Certains ne veulent pas utiliser ces mots - crimes de guerre et crimes contre l'humanité - mais ils savent que c'est la vérité", a-t-il dit lors d'une réunion en urgence du Conseil de sécurité.

"Israël est impitoyable et implacable dans la poursuite de sa politique coloniale", a-t-il dit, en réclamant au Conseil de sécurité "d'agir pour mettre un terme à l'attaque" d'Israël contre les Palestiniens.

"Combien faudra-t-il de morts palestiniens avant une condamnation?", a-t-il aussi demandé alors que les Etats-Unis ont refusé par deux fois depuis une semaine un texte appelant à la fin des affrontements, proposé par la Tunisie, la Norvège et la Chine. "A partir de quel seuil vous scandalisez-vous?", a aussi lancé le ministre palestinien.

La Chine regrette "l'obstruction" des Etats-Unis au Conseil de sécurité de l'ONU

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a regretté dimanche "l'obstruction" des Etats-Unis pour faire adopter au Conseil de sécurité de l'ONU une déclaration appelant à la fin des hostilités entre Israéliens et Palestiniens, lors d'une session d'urgence de cette instance.

"Le Conseil de sécurité doit prendre des mesures", a-t-il dit, en rappelant que la Chine était (avec la Norvège et la Tunisie) à l'origine d'un projet de texte depuis une semaine. "A cause de l'obstruction d'un pays, le Conseil de sécurité n'a pas été capable de parler d'une seule voix", a-t-il déploré en demandant à Washington "de prendre ses responsabilités" à l'ONU.

La réunion dimanche est la troisième - et la première publique - du Conseil de sécurité depuis lundi dernier, organisée à l'initiative de la Chine, de la Norvège et de la Tunisie.

Lors des deux premières sessions, lundi dernier et mercredi, les Etats-Unis, isolés, se sont opposés, selon des diplomates, à l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité qui voulait déplorer les victimes civiles, appeler à la fin des hostilités et réaffirmer le projet d'une solution à deux Etats vivant côte à côte, Israël et la Palestine sur la base des résolutions de l'ONU.

Le Conseil de sécurité, chargé de la paix dans le monde, est la seule institution à n'avoir pas pris position officiellement sur le conflit. Dimanche, des négociations se poursuivaient sur un texte mais les Etats-Unis continuaient à y être réticents, ont indiqué à l'AFP des diplomates sous couvert d'anonymat.

Washington a jusqu'à présent mis en avant la nécessité de laisser du temps à la diplomatie en coulisses pour arriver à un cessez-le-feu et jugé qu'une déclaration du Conseil serait "contre-productive", une position non comprise par une majorité des membres du Conseil, notamment chez les alliés traditionnels des Etats-Unis.

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