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Covid-19: au Panama, des jours de sortie distincts pour hommes et femmes

Une moitié de la semaine, seuls les hommes peuvent sortir faire des courses. L'autre, c'est au tour des femmes. Le Panama vient de mettre en place cette mesure insolite pour combattre la pandémie de coronavirus.

La décision, prise lundi, est entrée en vigueur mercredi dans ce pays d'Amérique centrale célèbre notamment pour son canal interocéanique et qui compte 1.317 cas officiellement recensés de Covid-19, dont 32 décès.

Jusqu'à présent, le Panama avait fermé ses frontières, suspendu les classes, interdit l'entrée aux étrangers et mis en place un confinement obligatoire, avec des sorties limitées à deux heures par jour pour les achats essentiels. Mais sans distinction de sexe.

Désormais, les hommes sont autorisés à quitter leur domicile pour se rendre au supermarché ou à la pharmacie le mardi, le jeudi et le samedi, tandis que les femmes peuvent le faire le lundi, le mercredi et le vendredi.

Et le dimanche, personne ne sort, sans exception.

"Ce confinement total n'a qu'un objectif: sauver des vies", a déclaré le ministre de l'Intérieur Juan Pino, lors d'une conférence de presse.

A l'image d'autres pays, les autorités panaméennes dénoncent le non-respect des mesures de confinement prises par les autorités depuis le 24 mars dans ce pays d'un peu plus de quatre millions d'habitants.

Le gouvernement a donc décidé de les renforcer.

Le "mécanisme le plus simple" à mettre en place pour réduire le nombre de personnes dans la rue était donc "d'attribuer certains jours pour circuler aux femmes et certains jours pour circuler aux hommes", a expliqué M. Pino. Les sorties sont toujours limitées à deux heures.

Ces nouvelles mesures doivent durer deux semaines.

- Policiers et vigiles -

Mais ces décisions ont jeté le trouble au sein de la communauté des personnes transgenres du Panama, qui craint des arrestations.

Ali, un illustrateur de 25 ans travaillant comme tatoueur, est une personne transgenre. Mais sa carte d'identité est celle d'une femme.

"Ma plus grande peur, évidemment, c'est les policiers, qui ne sont pas formés, ni sensibilisés à ce sujet et je ne sais pas quelle attitude ils vont adopter avec moi", déclare-t-il à l'AFP.

"Je suis 100% sûr que je vais être arrêté dans la rue et comme je ne rentre pas dans le moule (...), je ne sais pas s'ils vont se montrer agressifs. C'est ce qui me fait peur", poursuit Ali.

L'Association des hommes et femmes neufs du Panama (AHMNP), qui défend les droits de la communauté LGBT+, dénonce "l'effroi" provoqué par cette mesure.

"Il y a encore des patrouilles de police qui utilisent l'argument selon lequel Dieu a seulement créé Adam et Eve (...) Alors, que fait une personne transgenre dans cette situation?", interroge Ricardo Beteta, lors d'un entretien avec l'AFP.

Ces jours-ci, les barrages de police et les contrôles se sont multipliés dans les rues de la capitale panaméenne, a constaté l'AFP. Des vigiles contrôlent aussi l'identité des clients à l'entrée des supermarchés.

Le Panama n'est pas le seul à faire ces sorties alternées entre hommes et femmes: le président péruvien Martin Vizcarra a annoncé jeudi soir une mesure identique, jusqu'à la fin du confinement prévue le 12 avril. Il est en vigueur depuis le 16 mars.

Trois jours de sortie pour les hommes (lundi, mercredi, vendredi), trois jours également pour les femmes (mardi, jeudi, samedi) et le dimanche, aucune sortie pour personne.

Le Pérou comptait jeudi 1.414 cas confirmés de contamination et 55 morts.

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