Accueil Actu

Déjà menacés par la crise politique et le coronavirus, les hôpitaux de Beyrouth sont maintenant à l'agonie: deux médecins témoignent

Une double explosion survenue mardi a fait au moins 137 morts à Beyrouth. La catastrophe survient dans un pays où les hôpitaux sont déjà à bout de souffle. Depuis longtemps déjà, les médecins et infirmiers manquent de tout. Ils demandent aujourd'hui une aide d'urgence.

Pour RTL INFO, deux médecins au cœur de la crise témoignent depuis Beyrouth par visioconférence. "Quand je suis arrivé à l'hôpital, il y avait des blessés par terre, du sang par terre", confie Nabil Helou, radiologue. "On ne pouvait rien prévoir. On a dû se débrouiller, improviser", ajoute son confrère Imad Aboujaoude, gynécologue.

Mardi soir, les deux médecins que nous avons interrogés arrivent en renfort dans un hôpital à sept kilomètres des deux explosions. Des milliers de personnes affluent. 200 blessés sont pris en charge. Une trentaine d’opérations sont réalisées en quelques heures. "On a tout épuisé en une nuit. Tout notre stock de produits médicaux, de gants, de compresses, de médicaments… On a pratiquement tout épuisé", explique Nabil Helou.

Des hôpitaux au bord de la faillite

La situation est inquiétante. Le secteur hospitalier est depuis plusieurs mois en grande difficulté. Les licenciements sont de plus en plus nombreux. Certains hôpitaux sont au bord de la faillite, d’autres ferment des étages pour limiter les frais.

Les causes sont multiples: le retard de paiements de l’Etat estimé à plus d’un milliard d’euros et une dévaluation de la livre, la monnaie du pays.

Nous avons rencontré en Belgique un chirurgien belgo-libanais qui connait bien le problème. "On échangeait le dollar à 1.500 livres libanaises. Maintenant le dollar est à 5.000, voire il est mont jusqu'à 9.000 livres libanaises. Ce qui a constitué un problème majeur parce que la majorité de ces produits, essence, mazout, etc. sont payés par le dollar", confie Mohamad Farran, chirurgien belgo-libanais.

Il faut trouver une solution sinon on ne pourra pas survivre

Le mazout est hors de prix, les problèmes d’électricité se multiplient. Les hôpitaux tiennent le coup grâce à leurs propres groupes électrogènes. "On était dans une situation économique limite et tout ça est venu d'un seul coup. Sur le moment, on a réagi comme il faut, sans penser aux dépenses. Mais là il faut trouver une solution sinon on ne pourra pas survivre", indique Nabil Helou.

Dans le contexte déjà très difficile du coronavirus

A tout cela s’ajoute la gestion du covid-19. Les chiffres sont à la hausse. Depuis 15 jours, les centres hospitaliers se remplissaient et approchaient déjà pratiquement la saturation avant la catastrophe de mardi.

"La contamination va certainement ré-exploser après ce qui s'est passé. On était aux urgences à peu près… entre les blessés, les parents, leurs familles, il y avait des milliers de gens partout", explique Imad Aboujaoude.

La double explosion a par ailleurs détruit quatre hôpitaux, rendant la situation encore plus difficile. La solidarité et le courage des Libanais fait tenir le système, en espérant le plus rapidement possible une aide extérieure.

À lire aussi

Sélectionné pour vous