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En Suisse, la naturalisation fait gagner plus d'argent à long terme

Les immigrés installés en Suisse qui décrochent de peu par référendum le passeport helvétique gagnent, 15 ans après, 5.000 francs suisses de plus par an que les immigrés qui l'ont raté de peu, selon une étude parue mercredi et qui utilise une méthode ingénieuse pour trouver un lien de cause à effet.

Ces chiffres démontrent, selon les auteurs, que la naturalisation agit comme un catalyseur de l'intégration des étrangers dans la société en réduisant les discriminations sur le marché du travail.

"Certains employeurs considèrent la citoyenneté comme une preuve que l'immigré veut rester en Suisse", explique l'un des auteurs, Dominik Hangartner, de l'université ETH de Zürich.

Les recruteurs verraient le passeport suisse comme l'assurance qu'une personne ne quittera pas l'entreprise, et qu'elle mérite un investissement de l'entreprise en formation par exemple. En Suisse, la nationalité est souvent inscrite sur un CV, dit Dominik Hangartner à l'AFP.

Pour isoler l'effet de la citoyenneté, les chercheurs ont exploité une tradition unique au système suisse: la naturalisation par référendum.

Dans près d'un tiers des plus de 2.000 communes suisses, les étrangers qui remplissent les critères stricts de naturalisation doivent franchir l'ultime étape d'un vote des habitants de leur commune, qui accordent ou rejettent les demandes de chaque étranger, à la majorité, sur la base de brochures individuelles.

Dans 46 communes alémaniques, jusqu'en 2003, ces votes se faisaient par bulletin secret et non à mains levées, ce qui a permis d'avoir des résultats précis des référendums... Les chercheurs ont alors comparé les étrangers ayant obtenu une très faible majorité de "oui" à ceux ayant échoué à seulement quelques voix.

Les immigrés qui gagnent ou perdent de peu leur référendum sont a priori similaires et comparables. Si leurs destins divergent ensuite, cette différence sera due à l'effet de la naturalisation ou de la non-naturalisation, disent les auteurs de l'étude, parue dans Science Advances.

Et un effet a bien été observé: 15 ans après le référendum, les naturalisés gagnaient en moyenne 13,5% de plus par an que leurs pairs non-naturalisés, soit environ 5.000 CHF (4.500 euros).

Les chercheurs ont étudié 4.000 candidats à la naturalisation de 1970 à 2003. Leurs revenus ont été suivis sur des décennies grâce à des données de l'administration fiscale.

L'autre preuve de l'effet accélérateur du passeport sur l'intégration est que l'augmentation de revenus est particulièrement importante chez les étrangers les plus marginalisés: ceux qui gagnent le moins, et ceux qui viennent de Turquie et d'ex-Yougoslavie. Pour ces derniers, 15 ans après le référendum, l'impact du passeport est le double des autres, 10.000 CHF en moyenne.

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