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Espionnes, les armes à la main: les Vietnamiennes au coeur des combats

Etre vendeuse de chapeaux était une couverture parfaite pour les espionnes communistes installées dans le Sud du Vietnam pendant la guerre. C'est grâce à ce stratagème que Nguyen Thi Hoa a passé de nombreuses informations aux communistes avant de prendre les armes.

Et ses compte-rendus détaillés fournis aux officiers militaires du Nord ont joué un rôle important dans la préparation de la grande offensive du Têt.

Son travail - et son zèle nationaliste - lui ont valu une place dans l'unité ultra-secrète appelée "Rivière des parfums", unité de combat composée uniquement de femmes qui prit part à cette attaque surprise et à la bataille de Hue en janvier 1968.

Les 11 femmes, majoritairement des adolescentes, étaient liées par un slogan: "Quand l'ennemi vient à votre domicile, même les femmes doivent se battre".

"Je voulais me libérer, libérer ma patrie et libérer d'autres femmes... il n'y avait pas d'autre voie que de rejoindre la révolution", explique celle qui n'avait que 17 ans quand elle est devenue espionne en 1965.

A l'époque, elle n'a jamais parlé à sa famille de ses missions.

Au départ, comme des milliers d'autres femmes impliquées dans la guerre, les membres de l'unité de la "Rivière des parfums" était utilisées loin du front pour servir d'espionnes, de guides, de cuisinières, de messagères ou d'infirmières.

Mais tout à basculé avec l'arrivée de la guerre à Hue.

L'ancienne capitale impériale, qui était alors la troisième plus grande ville du Vietnam, avait été épargnée par les combats jusqu'au début de l'offensive du Têt lancée par plus de 80.000 combattants nord-vietnamiens.

Une attaque qui a porté un coup sévère aux troupes américaines et à leurs alliés sud-vietnamiens, et entrainé de nombreuses pertes des deux côtés, dont plus de 58.000 morts pour les combattants du Nord. Et placé pour la première fois, les Etats-Unis sur la défensive.

- 'Tout le monde au front' -

A Hue, la bataille, qui a duré 26 jours, a été la plus longue et la plus sanglante de la guerre.

Ce n'est qu'après plus de 10 jours de combat que l'unité de la "Rivière des Parfums" fut envoyé au combat, au moment où le nord n'avait plus la maitrise de la ville.

"Cela montre à quel point ils étaient désespérés", estime Mark Bowden, auteur d'un ouvrage intitulé "Hue 1968".

"Ce n'est que lorsque les troupes du front ont commencé à tomber et que la situation était vraiment désespérée que tout le monde a été lancé dans la bataille et que ces jeunes femmes se sont battues", ajoute-t-il.

Armée de grenades et d'un AK47, Hoa se sentait fière de participer aux combats.

"Nous n'arrêtions pas de tirer, nous étions si proches de l'ennemi", se souvient cette femme de 68 ans aujourd'hui, dont les cheveux sont sagement tirés en un chignon.

Des efforts reconnus et salués par le dirigeant communiste Ho Chi Minh, décédé en 1969, avant la fin de la guerre, qui leur écrivit un poème pour les remercier d'avoir "broyé les os" des soldats américains.

"Quand nous avons reçu cette lettre, tout le monde pleurait, on ne s'y attendait pas, nous étions juste une petite unité. Des gens sont morts, mais nous nous étions encore vivants et avons même reçu des compliments d'Oncle Ho", raconte Hoang Thi No, qui a combattu aux côtés de Hoa.

No confie se rendre régulièrement sur la tombe de ses camarades tombées sur la ligne de front.

"Quand mes camarades sont mortes au combat, cela a augmenté ma colère mais aussi ma détermination à nous battre pour que nous puissions venger nos sœurs", confie celle qui est aujourd'hui grand-mère.

Cette unité est devenue un symbole et une "source de motivation", explique Cao Huy Hung, directeur du musée de la révolution à Hue.

"Sans le soutien des femmes, nous n'aurions surement pas pu résister pendant 26 jours".

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