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Virus en Jordanie: la vaccination est une "chance", se réjouissent les réfugiés

Assise dans un minibus blanc devant le dispensaire de la ville d'al-Mafraq, dans le nord de la Jordanie, Fatima Ali, une réfugiée syrienne de 70 ans, a les larmes aux yeux quand un médecin lui administre lundi un vaccin contre le nouveau coronavirus.

"C'est un cadeau de Dieu", souffle cette réfugiée originaire de Deraa (sud-ouest de la Syrie), qui a fui la guerre dans son pays, il y a sept ans, avec son mari et ses six enfants.

"Je suis très contente, car je viens d'être immunisée contre cette maladie qui nous terrifie", dit Mme Ali, dont les cheveux roux sont recouverts d'un foulard noir.

"La Jordanie nous traite avec générosité et sans faire de distinction avec ses citoyens", se réjouit son mari, Hussein Mohammad, qui l'accompagne, coiffé d'un keffieh à damier blanc et rouge.

Dans le cadre de sa lutte contre l'épidémie, la Jordanie a décidé d'intégrer les réfugiés à sa campagne de vaccination nationale lancée mercredi.

"Réduire la propagation du Covid-19 nécessite que les personnes les plus vulnérables dans notre société et dans le monde puissent accéder aux vaccins peu importe d'où ils viennent", souligne dans un communiqué Dominik Bartsch, représentant du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) en Jordanie.

Le royaume est le premier pays au monde à vacciner gratuitement non seulement ses citoyens mais aussi les réfugiés inscrits auprès du HCR, précise à l'AFP Mohammad Hawari, porte-parole de l'organisation onusienne dans le pays.

A ce jour, la Jordanie a autorisé les vaccins produits par le géant pharmaceutique chinois Sinopharm et l'américano-allemand Pfizer-BioNTech.

- "Changer ma vie" -

Fatima Ali et son mari habitent le camp de Zaatari, situé à l'est d'al-Mafraq, qui accueille quelque 80.000 réfugiés. Selon le HCR, 1.992 cas de Covid-19 y ont été recensés depuis le début de la pandémie.

Depuis mercredi, une centaine de réfugiés ont été vaccinés et la campagne doit continuer dans le camp d'Azraq --à une centaine de kilomètres à l'est de la capitale Amman et qui compte 36.000 réfugiés syriens--, selon M. Hawari.

Au total, la Jordanie a recensé 315.544 cas de nouveau coronavirus, dont 4.153 morts.

Pour sa campagne de vaccination, Amman a identifié comme prioritaires le personnel médical, les personnes souffrant de maladies chroniques et les personnes âgées de plus de 60 ans.

L'objectif des autorités est de vacciner environ le quart des 10 millions d'habitants du royaume.

Quelque 200.000 personnes, répondant aux critères fixés par les autorités, se sont inscrites sur une liste électronique du ministère de la Santé pour se faire vacciner.

A leur arrivée lundi au dispensaire d'al-Mafraq, à bord de quatre minibus, les 24 heureux élus du jour, tous âgés, ont dû changer de masque et attendre qu'on les appelle un par un pour rentrer dans le bâtiment afin de recevoir leur injection.

"Ca va changer ma vie. Je ne sortais plus et restais cloitrée", témoigne avec soulagement Cheikha al Hariri, 70 ans. Cette mère de quatre enfants vit depuis sept ans dans le camp de Zaatari.

Après avoir été vaccinés, un papier est distribué aux réfugiés avec le téléphone d'un médecin à contacter en cas d'effets secondaires indésirables.

Manhal Hilal, arrivé en 2012 au camp de Zaatari avec sa femme et sa fille, raconte la stupéfaction de ses deux fils restés en Syrie quand ils ont appris qu'il allait bénéficier du vaccin.

"Quand je leur ai dit que j'allais être vacciné, ils ne m'ont pas cru, ils pensaient que je blaguais!", assure cet homme de 71 ans.

"J'ai été obligé de leur jurer que c'était vrai et alors ils m'ont répondu que j'avais vraiment de la chance", ajoute-t-il.

La campagne de vaccination n'a pas commencé en Syrie bien que le fléau frappe durement le pays, par ailleurs en proie à la guerre depuis 2011. Les combats ont fait plus de 380.000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes.

La Jordanie accueille actuellement quelque 663.000 réfugiés syriens enregistrés auprès de l'ONU, tandis que le royaume estime à 1,3 million le nombre de personnes qui ont trouvé refuge dans le pays depuis le début de la guerre en Syrie.

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