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L'accord de libre-échange promu par Pékin au coeur du sommet de l'Asean à Bangkok

Réunis à partir de samedi à Bangkok, les pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) espèrent avancer sur le traité de libre-échange promu par Pékin qui, en pleine guerre commerciale avec Washington, tente de renforcer son influence dans la région Asie-Pacifique.

Le Partenariat économique intégral régional (RCEP selon son acronyme anglais) deviendrait, s'il était signé, le plus vaste espace de libre-échange au monde, réunissant près de la moitié de la population mondiale et 40% du Produit intérieur brut de la planète.

Lancé en 2012, mais peinant jusqu'ici à avancer, le projet, réunit les 10 membres de l'Asean (Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie et Cambodge) ainsi que la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Il exclut en revanche les États-Unis et apparaît comme une réponse à l'unilatéralisme américain et à la guerre commerciale qui oppose Washington et Pékin depuis plusieurs mois.

L'Asean et ses potentiels partenaires se sont donnés jusqu'à la fin de l'année pour enfin trouver un accord. Le sommet de Bangkok apparaît donc comme l'une des dernières chances, alors que l'Inde se montrait encore réticente vendredi, inquiète de l'arrivée massive sur son sol de produits bon marché fabriqués en Chine.

"La +peur de la Chine+ est un facteur qui joue dans de nombreux pays", et pas seulement en Inde, estime l'analyste économique de la Banque asiatique de développement Jayant Menon.

- Influence chinoise -

Pour Pékin, la signature du RCEP est cruciale. Engagée dans un conflit commercial féroce avec Washington qui lui a déjà fait perdre des centaines de milliards de dollars en exportations, l'économie chinoise a besoin d'un nouveau souffle.

L'accord consacrerait aussi un peu plus son influence sur une grande partie de l'Asie, tandis que les Etats-Unis tendent à se désengager de la région depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. En janvier 2017, ce dernier a ainsi retiré son pays du grand projet concurrent au RCEP, le Traité de libre-échange transpacifique (TPP) promu par Barack Obama.

Donald Trump ne sera pas présent au sommet de l'Asean, tout comme l'année dernière où il s'était fait représenter par le vice-président Mike Pence. Cette fois-ci, il n'a dépêché que des personnalités moins importantes: son secrétaire au commerce Wilbur Ross et son conseiller à la sécurité nationale Robert O'Brien.

Ce manque de considération pourrait être peu apprécié par les pays de l'Asie du Sud-Est, d'après des observateurs.

Que Donald Trump boude ce sommet deux années de suite "veut tout dire", estime Thitinan Pongsudhirak, de l'Université Chulalongkorn de Bangkok.

Et en laissant en quelque sorte le terrain libre à Pékin dans la région, Washington "rate une occasion" de rester dans le jeu, selon l'analyste.

Deux autres sujets brûlants devraient être discutés par les chefs d'Etat de l'Asean: les tensions en mer de Chine méridionale et le rapatriement en Birmanie de centaines de milliers de musulmans rohingyas qui ont fui en 2017 au Bangladesh et ont peur d'être persécutés s'ils rentrent chez eux.

A l'approche du sommet, la sécurité dans la capitale thaïlandaise a été renforcée alors qu'en août dernier lors d'une précédente réunion de l'Asean, plusieurs bombes artisanales attribuées à des séparatistes de l'extrême sud thaïlandais avaient explosé en plusieurs lieux de la ville, faisant quatre blessés.

Au total, 17.000 policiers et forces de sécurité ont été déployés.

burs-dhc/joe/del/lth

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