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L'UE propose à Washington de négocier un accord pour faire la paix commerciale

Les Etats de l'UE ont approuvé lundi l'ouverture de négociations commerciales avec les Etats-Unis pour éviter une guerre commerciale avec Washington, en dépit du refus affiché de Paris de négocier avec un partenaire hostile à l'accord mondial sur le Climat.

"Si les Américains acceptent de commencer les négociations, je pense que nous pourrons aller assez vite", a assuré la commissaire au Commerce, la suédoise Cecilia Malmström, chargée de négocier au nom des 28.

- Position "incompréhensible" -

La France a voté contre l'ouverture de ces négociations lors d'une réunion des ministres de l'Agriculture de l'UE à Luxembourg, mais son opposition a été sans effet, car les décisions en matière commerciale se prennent dans l'UE à la majorité qualifiée, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources européennes.

C'est la seconde fois en une semaine que la France est mise en minorité après le sommet consacré au Brexit.

La position de Paris a été jugée "incompréhensible", car ses partenaires ont accepté toutes ses demandes pour le mandat: l'abandon du très controversé projet de TTIP (Traité de libre échange transatlantique) dont la négociation a été suspendue en 2016; une étude d'impact sur les conséquences des différences de règlementations environnementales entre les Etats-Unis et l'UE et la possibilité de protéger certains produits de la pêche, domaine non agricole pour l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), a souligné une des sources.

La France n'avait pas de difficultés sur le mandat, a expliqué un responsable français. Le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier a salué "la coopération franco-allemande qui a une nouvelle fois fait ses preuves".

"L’objectif est de fixer les tarifs douaniers à zéro dans l'industrie et d'éviter un conflit commercial (…) Les négociations ne seront pas faciles, mais nous sommes résolus à les mener, au bénéfice des deux partenaires", a ajouté le ministre allemand.

La France a décidé de voter contre l'ouverture de négociations avec Washington pour des raisons de principe, car le président Emmanuel Macron ne veut pas négocier un accord commercial avec un pays qui a décidé en juin 2017 de quitter l'accord sur le Climat, pourtant approuvé par les Etats-Unis et 194 pays en décembre 2015 lors de la Conférence de Paris, a-t-on affirmé de source française. "C'est un choix très politique", a-t-on souligné.

La Commission européenne compte commencer à discuter avec Washington "dès que possible", a affirmé Cecilia Malmström. L'espoir est de parvenir à un accord avant la fin du mandat de l'exécutif bruxellois, c'est-à-dire le 31 octobre 2019.

"On va voir si les Etats-Unis adoptent un mandat de négociation", a confié à l'AFP le représentant d'un Etat membre.

"Nous allons les contacter aujourd'hui et voir quand nous pourrons nous rencontrer. Je n'ai pas de date à donner. La décision est entre leurs mains. Nous, nous sommes prêts", a expliqué la négociatrice.

- L'agriculture, "ligne rouge" -

L'UE a posé plusieurs conditions difficiles à accepter pour l'administration américaine. Le futur accord doit être limité aux biens industriels. Il ne doit pas inclure l'agriculture, les services ou les marchés publics.

"L'agriculture ne fera pas partie des négociations", a confirmé Mme Malmström. "C'est une ligne rouge" pour l'Europe, a-t-elle insisté. Or, les Etats-Unis ne voudront pas négocier s'il n'y a pas l'agriculture, a averti un négociateur européen.

Les Européens demandent en outre que les Etats-Unis renoncent à taxer les automobiles européennes, un secteur très sensible pour l'Allemagne. "C'est la motivation principale de l'ouverture des négociations", a assuré à l'AFP un responsable européen. La décision doit être prise à Washington avant le 18 mai, date de l'échéance pour imposer de telles sanctions.

Le mandat prévoit aussi que si les Etats-Unis n'ont pas retiré les sanctions imposées en juin 2018 sur les importations européennes d'acier et d'aluminium d'ici la fin de la négociation, l'accord commercial ne sera pas conclu, comme le demandait la France.

Avec l'adoption du mandat, "l'EU tient ses promesses sur ce que nous avons convenu avec Donald Trump" le 10 juillet 2018 à Washington, a déclaré Jean-Claude Juncker.

"La réduction des droits de douane sur les produits industriels pourrait entraîner une augmentation supplémentaire des exportations de l'UE et des États-Unis d'une valeur de 26 milliards d'euros", a souligné le président de la Commission européenne.

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