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La Grande Barrière de corail "en danger" pour l'Unesco: l'Australie prête à contester cette décision

L'Australie contestera une éventuelle inscription de la Grande Barrière de corail sur la liste des sites "en danger" du patrimoine mondial de l'Unesco, en raison de sa dégradation provoquée par le changement climatique, a annoncé le gouvernement ce mardi.

L'Unesco a publié lundi les préconisations de ses experts et organismes consultatifs qui penchent pour modifier le statut de la Grande Barrière de corail inscrite au patrimoine mondial depuis 1981, à cause de sa détérioration, pour beaucoup due à la récurrence des épisodes de blanchissement des coraux, une conséquence des bouleversements climatiques.

Pour les organisations de défense de l'environnement, cette recommandation résulte d'un manque de volonté du gouvernement en matière de réduction des émissions de carbone.

"Je conviens que le changement climatique mondial constitue la plus grande menace pour les récifs coralliens mais il est erroné, à notre avis, de (placer) le récif le mieux géré au monde sur la liste +en danger+", a déclaré la ministre de l'Environnement australienne, Susan Ley.

L'Australie s'organisera pour contester ce projet, une "volte-face" après "de précédentes assurances de responsables de l'ONU", a affirmé Mme Ley dans un communiqué, à un mois de la prochaine session en juillet du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco, seul habilité à se prononcer.

Des milliards de dollars dépensés pour la protection du site

Une telle décision enverrait "un mauvais signal à des pays qui ne réalisent pas les investissements que nous faisons dans la protection des récifs coralliens", a argué la ministre, et ferait fi des milliards de dollars dépensés pour la protection du site du nord-est de l'Australie.

Ce serait "une alerte à la communauté internationale, (proclamant) que l'état de cet écosystème corallien est en danger", a de son côté affirmé mardi Fanny Douvere, responsable du programme marin du patrimoine mondial lors d'une conférence de presse en ligne.

"L'un des principaux facteurs, le changement climatique, ne peut évidemment pas être combattu par l'Australie seule", a renchéri Mechtild Rössler, directrice du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco, qui a aussi loué, concernant les autres facteurs, les efforts du gouvernement australien, sur le plan financier et de la recherche.

"Forte déception" de l'Australie 

Pour autant, le Centre du patrimoine et les organismes consultatifs concluent que les progrès sont insuffisants. Pour eux "les perspectives à long terme pour l'écosystème (de la Barrière) se sont encore détériorées, passant de médiocres à très médiocres", avec notamment pour référence deux épisodes de blanchissement massif des coraux, en 2016 et 2017.

Mme Ley a affirmé s'être entretenue dans la nuit de lundi à mardi avec la directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, pour lui faire part de la "forte déception" de l'Australie.

L'inscription sur la liste des sites en danger n'est pas considérée comme une sanction par l'Unesco. Certains pays y voient même un moyen de sensibiliser la communauté internationale et de contribuer à la sauvegarde de leur patrimoine.

L'Australie n'a pas fixé d'objectif de neutralité carbone d'ici à 2050. Le Premier ministre conservateur Scott Morrison avait affirmé que le pays espérait l'atteindre "dès que possible", sans mettre en péril les emplois ni les entreprises. L'Australie est un des plus importants importateurs au monde de charbon et de gaz naturel.

Le gouvernement australien ne fait pas assez pour protéger notre plus grand atout naturel

Pour l'organisation de défense de l'environnement Climate Council, la recommandation de l'Unesco couvre "de honte le gouvernement fédéral, qui reste passif devant le déclin du récif corallien au lieu de le protéger".

Elle "montre clairement et sans équivoque que le gouvernement australien ne fait pas assez pour protéger notre plus grand atout naturel, en particulier contre le changement climatique", a commenté de son côté le responsable des océans pour le WWF, Richard Leck.

Valeur inestimable 

Outre sa valeur inestimable d'un point de vue naturel ou scientifique, on estime que l'ensemble corallien qui s'étend sur 2.300 kilomètres de long, génère 4,8 milliards de dollars américains de revenus pour le secteur touristique australien.

La Grande Barrière a déjà connu trois épisodes de blanchissement en cinq ans alors que la moitié des coraux ont disparu, depuis 1995, en raison de la hausse de la température de l'eau.

Le blanchissement est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration. Il est provoqué par la hausse de la température de l'eau qui entraîne l'expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur vive.

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