Accueil Actu

La nuit en détention, "un enfermement dans l'enfermement", dénonce la contrôleure des prisons

"Un second enfermement dans des lieux déjà fermés": la contrôleure générale des prisons dénonce dans un rapport publié mercredi la gestion de la nuit dans les lieux de privation de liberté, un système qui affecte selon elle les droits fondamentaux des détenus.

"La nuit représente, dans les lieux de privation de liberté, un enfermement dans l’enfermement : enfermement dans les cellules et les chambres de lieux eux-mêmes clos; enfermement dans la solitude, peuplée parfois de compagnons non désirés; enfermement dans les angoisses", écrit la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) Adeline Hazan dans ce rapport intitulé "La nuit dans les lieux de privation de liberté".

Elle demande le lancement d'une réflexion "afin d’élargir les horaires du service de jour". La nuit en maison d'arrêt commence vers 18H00 et "il faut ensuite attendre l'appel du lendemain matin, vers 07H00 pour avoir un contact physique avec un agent".

"Le système actuel ne correspond pas au rythme biologique des personnes", juge la CGLPL, mais "répond uniquement à des considérations de gestion des ressources humaines".

De plus, "le passage en service de nuit affecte les droits fondamentaux dans leur quasi-intégralité : respect de la dignité et de l’intégrité physique, accès aux soins, maintien des liens familiaux, accès à des activités, égalité de traitement, continuité de la mise en œuvre des procédures protectrices, etc".

La CGLPL cible particulièrement les prisons. Dans les établissements de santé mentale, les centres éducatifs fermés pour les mineurs ou les centres de rétention administrative, la durée de la nuit paraît "plus adaptée", avec des horaires allant de 22H30 à 07H00.

De plus, en maison d'arrêt, où sont notamment les personnes en détention provisoire et où la surpopulation carcérale est la plus importante, un nombre important de détenus est "amené à dormir sur un matelas posé à même le sol".

En prison et en centre de rétention administrative, les personnes dorment "souvent sur de simples rectangles de mousse, parfois anciens, dégradés et sales". "Certaines personnes contractent des maladies de peau ou des démangeaisons", critique la CGLPL.

En maison d’arrêt, la promiscuité pendant douze à quatorze heures "attise les tensions". Un détenu peut "prendre l’ascendant sur les autres et imposer la télévision, l’extinction de la lumière, le choix du lit, l'ouverture de la fenêtre, la consommation de tabac, etc".

À lire aussi

Sélectionné pour vous