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La Russie lance des manoeuvres militaires à proximité de l'Ukraine: 8.500 militaires américains en état d'alerte

Les forces armées russes ont lancé mardi une nouvelle série de manoeuvres à proximité de l'Ukraine et en Crimée annexée, avec des exercices impliquant 6.000 hommes, des avions de chasse et des bombardiers, selon les agences russes. Il s'agit d'une opération "interarmées" qui implique notamment "l'armée de l'air et l'antiaérien, des groupes de navires des flottes de la mer Noire et de la Caspienne", a dit le commandant des forces russes pour le Sud de la Russie, Alexandre Dvornikov.

Selon l'agence TASS, les exercices de l'armée de l'air impliquent 60 chasseurs et bombardiers dans quatre régions, notamment la péninsule de Crimée que la Russie a annexée en 2014 en représailles à une révolution pro-occidentale en Ukraine. Il s'agit notamment de coordonner l'action de la marine et de l'aviation lors de tirs de missiles. Par ailleurs, quelque 6.000 hommes sont engagés dans des manoeuvres pour vérifier leur état de préparation au combat sur plusieurs bases dans plusieurs régions du Sud de la Russie.

L'annonce de ces exercices intervient quelques heures après que le Kremlin a dénoncé la mise en alerte de milliers de soldats américains en raison de la crise russo-occidentale sur l'Ukraine, y voyant une nouvelle "exacerbation de tensions" par Washington.

Biden tente de changer le rapport de forces avec Moscou

En annonçant le possible déploiement de milliers de militaires américains pour renforcer les troupes de l'Otan, Joe Biden a nettement accru la pression sur Moscou lundi, tandis que les Etats-Unis et les Européens ont affiché leur cohésion face à la menace d'une attaque russe contre l'Ukraine.

Les Etats-Unis ont placé jusqu'à 8.500 militaires en état d'alerte. Cela signifie qu'ils pourraient être prêts en cinq jours à renforcer la Force de réaction rapide de l'alliance militaire, constituée de 40.000 militaires, a annoncé lundi le Pentagone.

"Aucune décision n'a été prise sur un déploiement de forces en dehors des Etats-Unis pour l'instant", a toutefois précisé son porte-parole.

L'Otan pour sa part a annoncé placer des forces en attente et envoyer des navires et des avions de combat pour renforcer ses défenses en Europe de l'Est.

Le président américain tente de faire basculer en sa faveur le rapport de force qu'a instauré son homologue russe Vladimir Poutine, en massant des troupes et des équipements à la frontière de l'Ukraine.

Joe Biden a eu lundi une visioconférence d'un peu moins d'une heure et demie avec plusieurs dirigeants européens, que cette montée en pression des Américains a semblé prendre de court.

"Unanimité"

Il a vanté la "totale unanimité" entre Américains et Européens peu après la fin de cette réunion, à laquelle ont participé Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, le Premier ministre italien Mario Draghi, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, le président polonais Andrzej Duda, le Premier ministre britannique Boris Johnson, le président du Conseil Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Selon un communiqué de la Maison Blanche, les dirigeants ont "souligné leur désir commun d'une résolution diplomatique", mais aussi évoqué leurs "préparatifs en vue d'imposer des conséquences massives et des coûts économiques sévères à la Russie" en cas d'invasion, et de "renforcer la sécurité sur le front oriental de l'Otan".

Les participants "ont été tous de l'avis qu'il appartient à la Russie d'entreprendre des initiatives visibles de désescalade", a commenté de son côté le chancelier allemand, assurant que Moscou subirait des "conséquences très lourdes" en cas d'invasion.

A l'unisson, Jens Stoltenberg a lui évoqué dans un tweet "des coûts sévères" en cas de "nouvelle agression" contre l'Ukraine.

"Volatilité"

Les Européens avaient semblé auparavant circonspects face à la rhétorique et aux décisions de plus en plus musclées des Etats-Unis, qui ont par exemple décidé de faire partir les familles des diplomates en poste à Kiev, une initiative suivie par Londres et Canberra.

La France, qui assume actuellement le commandement de la Force de réaction rapide de l'Otan, a appelé à ne "pas créer d'ambiguïté, de volatilité supplémentaire".

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a lui invité à ne pas "dramatiser".

Les autorités ukrainiennes ont elles aussi jugé la décision de Washington concernant leur représentation diplomatique "prématurée" et "excessive".

Moscou a dénoncé une "hystérie" et accusé les Etats-Unis et l'Otan "d'exacerber les tensions par des annonces et des actions concrètes".

Un chemin de désescalade


Parallèlement à cette montée en pression, les Occidentaux continuent malgré tout à explorer la voie diplomatique.

Selon une source européenne, une nouvelle réunion serait ainsi prévue entre le secrétaire d'Etat Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov.

Les Etats-Unis ont promis une réponse écrite aux demandes russes. Lors de l'entretien avec Joe Biden, le président français a souligné "l'importance que l'Union européenne puisse prendre toute sa part" dans cette réponse, selon un communiqué de l'Elysée.

Dans ce texte, qui contrairement à celui des Américains ne mentionne pas expressément l'Otan, la France insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts diplomatiques.

Emmanuel Macron veut proposer "un chemin de désescalade" à son homologue russe Vladimir Poutine lors d'un entretien "dans les prochains jours".

La Russie exige un engagement écrit sur le non-élargissement de l'Otan à l'Ukraine et à la Géorgie et demande un retrait des forces et des armements de l'Alliance atlantique des pays d'Europe de l'Est ayant rejoint l'Otan après 1997, notamment de Roumanie et Bulgarie. Des demandes "non négociables" pour les Occidentaux.>- Gaz et pétrole -

En cas d'invasion, les Occidentaux ont assuré préparer des sanctions d'une sévérité inédite.

La réduction des achats de gaz et de pétrole, qui représentent respectivement 43% et 20% de l'approvisionnement de l'UE, et qui financent largement le budget russe, est sur la table, a confié à l'AFP une source européenne, mais le sujet divise l'Union européenne.

Une grande inconnue reste par ailleurs la position du tout jeune gouvernement de coalition allemand en cas d'escalade avec la Russie. Berlin refuse de livrer des armes à l'Ukraine, contrairement aux Etats-Unis, au grand dam de Kiev.

Côté américain, Joe Biden envisage d'interdire aux banques russes d'utiliser le dollar, devise reine des échanges internationaux, ce qui porterait un coup très sévère à la finance et à l'économie réelle du pays.

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