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Laurent Berger en route vers un nouveau mandat à la tête de la CFDT

La CFDT va reconduire Laurent Berger à sa tête lors d'un congrès qui s'ouvre lundi à Rennes, congrès pimenté de quelques discussions animées en plein conflit SNCF et un an après l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron qui enchaîne les réformes sociales.

Du 4 au 8 juin, près de 3.000 militants du syndicat sont attendus pour débattre et renouveler leurs instances exécutives. Laurent Berger, qui a pris la suite de François Chérèque en 2012, doit être reconduit.

Sa numéro deux en revanche, Véronique Descacq, quitte ses fonctions et rejoindra prochainement les équipes de la Caisse des dépôts. Elle a été l'une des rares femmes à avoir des responsabilités importantes et à être exposée médiatiquement, dans un monde syndical très masculin.

Au crédit de Laurent Berger: avoir fait passer en première position son syndicat dans le privé, doublant la CGT. Il aimerait d'ailleurs devenir numéro un tous secteurs confondus après les élections de décembre dans le public.

"La CFDT a tenu son cap malgré les aléas", a-t-il vanté jeudi devant l'Association des journalistes sociaux (Ajis).

L'implantation de la CFDT dans les entreprises est souvent montrée en exemple, et jalousée, par les autres organisations syndicales.

Néanmoins, le syndicat a récemment refait le compte de ses adhérents, faisant baisser la jauge de 250.000 pour s'établir à 623.000, et passant à la deuxième place derrière la CGT.

A l'instar des autres syndicats, la CFDT a été bousculée par l'arrivée d'Emmanuel Macron, président qui n'a que faire des corps intermédiaires et enchaîne les réformes sociales.

En interne le ton est d'ailleurs monté, moins haut que chez FO certes, contre la position de Laurent Berger jugé pas assez combatif sur les ordonnances réformant le droit du travail.

- La méthode Macron critiquée -

Il y a quelques semaines, celui qui avait l'oreille de Élysée sous le quinquennat Hollande a commencé à se plaindre de ne pas être écouté: "La méthode Macron, c'est vous discutez, je tranche". "Macron veut imposer une relation directe avec le peuple qui est dangereuse pour la démocratie", a-t-il aussi accusé après avoir mis en garde sur le fait que comme les partis politiques, les syndicats étaient "mortels".

Mais il a eu l'occasion récemment de plaider sa cause auprès d'Emmanuel Macron qui l'a reçu à l’Élisée. "Je lui ai dit qu'il y avait un problème de méthode, un profond mécontentement de la CFDT", a-t-il expliqué, et qu'il était "attendu très fortement sur la stratégie pauvreté et la loi Pacte" pour la croissance des entreprises.

Déçu par l'absence de mesures sur la gouvernance dans les ordonnances -- l'augmentation par exemple du nombre de salariés dans les conseils d'administration des entreprises -- , la CFDT mise beaucoup sur cette future loi Pacte portée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

M. Berger a aussi pu sensibiliser les députés LREM en étant reçu par le groupe le 29 mai.

Le congrès se déroulera alors que le conflit à la SNCF n'est pas terminé, la réforme devant être votée le 5 juin au Sénat. A cet égard, après l'annonce d'une reprise de la dette de l'opérateur par l’État, Laurent Berger a formé le vœu d'une sortie au plus vite du conflit.

Plus de 1.200 personnes se sont exprimées sur une plate-forme qui permettra d'alimenter les débats au congrès, dont Laurent Berger ne cache pas qu'ils pourraient s'avérer animés.

Juste avant de succéder à Jean-Claude Mailly, le nouveau numéro un de FO, Pascal Pavageau, avait eu la dent dure contre la CFDT, qui "a quand même historiquement une tendance à aller à la signature à tout prix, à l'accord à tout prix, voire au compromis à tout prix, ce qui entraîne une forme de compromission par moments".

Interrogé jeudi sur un éventuel successeur et son avenir, M. Berger a déclaré: "je repars pour quatre ans et je ne dis pas que c'est le dernier" mandat.

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