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Le Pakistan veut créer des tribunaux spécialisés dans les violences de genre

Le président de la Cour suprême du Pakistan a annoncé la création de plus de 100 tribunaux spécialisés dans les violences de genre, dans un pays considéré comme l'un des plus dangereux au monde pour les femmes.

"Nous sommes sur le point de mettre en place 116 tribunaux spécialisés dans les violences de genre ainsi que des tribunaux pour enfants dans chaque district du Pakistan", a déclaré le juge Asif Saeed Khosa mercredi à Islamabad.

Ces tribunaux "seront conçus pour être entièrement différents des autres juridictions, tant par leur infrastructure que dans leur fonctionnement", a-t-il poursuivi devant un parterre de magistrats, sans plus de détails.

Des responsables de la Cour suprême, interrogés par l'AFP, ont confirmé que ce projet était en cours de discussion.

Les violences faites aux femmes sont "omniprésentes et inextricables" dans ce pays conservateur et de culture patriarcale, déplore la Commission des droits de l'homme pakistanaise, qui recense des milliers de viols et d'agressions sexuelles, d'attaques à l'acide et autres meurtres par an.

Les vrais chiffres sont vraisemblablement bien plus élevés, selon la Commission, la plupart de ces violences n'étant pas dénoncées auprès des autorités.

Une grande partie de la société vit sous un code patriarcal permettant l'oppression des femmes qui tentent de s'en affranchir, en choisissant par exemple leur mari ou en travaillant hors de la maison.

Des centaines de Pakistanaises sont tuées chaque année, souvent par des proches, pour avoir insulté leur "honneur", selon des organisations de défense des droits de l'Homme.

Mais même pour les rares affaires arrivant devant les tribunaux, "le taux de condamnation est inférieur à 1%", regrettait l'an passé dans un entretien avec l'AFP Rabeea Hadi, un membre de la Fondation Aurat, une organisation de défense des droits des femmes.

En milieu rural, des conseils de village font souvent office de justice, souvent au détriment des plaignantes.

Etablir des tribunaux spécialisés dans les violences de genre est un "premier pas", a réagi vendredi l'avocate Benazir Jatoi, si ceux-ci fonctionnent dans la continuité.

Et cette militante féministe de citer un centre pour femmes victimes de violences à Multan (centre), créé sous le précédent gouvernement, mais dont l'exécutif actuel a, selon elle, "cessé le financement".

"Ces nouveaux tribunaux ne devraient pas connaître le même destin", a-t-elle observé.

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