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Le rapporteur suisse de l'Onu s'alarme de millions de migrants torturés

(Belga) Au moins 7 millions de migrants ont été victimes de torture dans le monde, s'est alarmé jeudi le rapporteur spécial suisse à l'Onu, Nils Melzer. Il a appelé les Etats et la Cour pénale internationale (CPI) à évaluer si des investigations pour crimes contre l'humanité ou crimes de guerre seraient justifiées.

Dans son rapport annuel présenté devant le Conseil des droits de l'Homme, le Zurichois estime, en extrapolant une étude de 2016, à au moins 7 millions le nombre de migrants qui ont été victimes de torture. Ce chiffre pourrait ne constituer que "la partie émergée" du problème, a également redouté le rapporteur spécial contre la torture devant l'enceinte onusienne. Trois quarts des migrants irréguliers ont ainsi été confrontés à la torture. M. Melzer appelle les Etats et les autres acteurs à poursuivre les responsables et à rassembler davantage de données. Vu l'étendue du problème, il leur demande d'évaluer avec la CPI si des investigations pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre pourraient être "justifiées". Il cible les conséquences de la corruption et d'activités criminelles mais aussi les politiques délibérées des Etats et des violations "systématiques" de certains de ses représentants. La "tragédie" humanitaire des migrants et les tensions politiques ne sont pas liées "aux mouvements de populations" actuels mais à "notre échec à y répondre et à assumer notre responsabilité collective", a estimé le Zurichois. "Nous détournons le regard devant la souffrance de millions de personnes", a-t-il ajouté, alors que la Déclaration universelle des droits de l'Homme fêtera ses 70 ans en décembre prochain. "Chaque jour, notre indifférence" pour les droits de l'Homme continue à provoquer des atrocités. M. Melzer affirme que les Etats ne peuvent résoudre cette question à eux seuls. Il souhaite "des avancées significatives" dans le cadre des négociations pour des Pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations. Les discussions sur le second volet de ces négociations sont notamment facilitées par la Suisse. Dans son rapport, M. Melzer demande aux Etats de ne pas établir leurs lois et leurs politiques sur la "dissuasion", la "criminalisation" et la "discrimination" des migrants. Et de garantir que ces actions ne confrontent pas ces personnes à des risques de torture ou d'autres mauvais traitements. Les détentions de migrants doivent rester exceptionnelles et ils ne doivent jamais être appliqués à l'isolement. Des recours doivent être garantis avant toute expulsion et le non-refoulement doit être honoré. Sur cette question, la Suisse a salué devant le Conseil les principes adoptés par le Comité de l'Onu contre la torture. En outre, les victimes de torture doivent recevoir une assistance et ne pas être renvoyées vers des Etats qui ne peuvent leur apporter ce soutien, a-t-il conclu. (Belga)

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