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Normale Sup' occupée par des opposants à la loi sur l'université

Normale Sup', l'un des établissements les plus prestigieux et les plus sélectifs de l'enseignement supérieur français, a été fermée jeudi après une nuit d'occupation par des opposants à la réforme de l'accès à la fac, alors que le mouvement semblait marquer le pas.

Quelque 25 occupants étaient encore dans les lieux jeudi en début de soirée et échangeaient avec la direction, a indiqué l'Ecole normale supérieure (ENS), qui a dit ignorer si les cours pourraient reprendre vendredi.

Créée sous la Révolution et installée en plein Quartier latin, l'ENS a eu parmi ses étudiants les philosophes Henri Bergson, Jean-Paul Sartre ou encore Michel Foucault.

Mercredi en fin d'après-midi, un colloque organisé au sein de l'établissement avait rassemblé près de 800 personnes, majoritairement extérieures, a expliqué la direction dans un communiqué. Ensuite, "quelques centaines de personnes ont refusé de quitter l’école", envahissant "une bonne partie des locaux historiques".

Ce colloque se tenait notamment en présence de l'économiste Frédéric Lordon, l'une des figures de Nuit Debout, et de Julien Coupat, membre le plus connu du groupe libertaire de Tarnac, relaxé en avril pour le sabotage d'une ligne SNCF.

Des dégâts importants ont été commis, selon la direction, qui a cité des "tags", notamment sur le monument aux morts, la "destruction d’équipements de sécurité", des "salles de cours forcées et squattées".

Les internes, qui avaient été priés de quitter leur chambre pour des raisons de sécurité, ont pu réintégrer leur logement, a précisé jeudi soir la direction. Les entrées sont filtrées afin d'empêcher toute entrée de personnes extérieures à l'école.

Dans un communiqué, des étudiants occupants ont affirmé que l'école, "symbole" du "système de sélection français", est "directement concernée" par la réforme de l'accès à l'université.

- "Assez savoureux" -

Le Premier ministre Edouard Philippe, en déplacement dans le Cher, a qualifié d'"assez savoureux" ce mouvement de protestation au sein de l'ENS.

"J'observe que l'Ecole normale supérieure formule une inquiétude sur le caractère sélectif de l'enseignement supérieur. C'est assez savoureux quand on sait le caractère extrêmement sélectif de l'Ecole normale supérieure", a-t-il déclaré. "Mais c'est comme ça et je le prends avec énormément d'intérêt et beaucoup d'attention".

Sur son site internet, l'ENS se présente comme une "grande école par son recrutement sélectif" et une "université de formation par la recherche". Elle est "un établissement singulier qui joue un rôle central depuis plus de deux siècles dans la formation des élites françaises", précise-t-elle. Elle accueille près de 2.400 étudiants, dans des disciplines littéraires et scientifiques.

Autre établissement d'enseignement supérieur, l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), a vu son principal site parisien occupé, boulevard Raspail, par des opposants à la loi sur les nouvelles modalités d'accès à l'université.

L'occupation, qui a démarré en début de semaine, est "pacifique, sans dégradation ni violence", a indiqué à l'AFP la communication de l'EHESS. Les séminaires sont annulés ou déplacés, a-t-on ajouté, rappelant que les étudiants de cet établissement sont des doctorants, avec peu de cours en amphi.

Autre fabrique des élites, l'école de Sciences-Po Paris avait également été bloquée fin avril.

A l'heure actuelle, quatre universités sur 73 sont encore bloquées (Jean-Jaurès à Toulouse, Rennes-2, Paris-8 et Nanterre), ainsi que quelques sites des universités de Limoges, Nantes, Marseille par exemple.

Au plus fort du mouvement, on comptait une quinzaine de sites occupés. La plupart des facultés sont actuellement en période d'examens.

A Toulouse, les étudiants de l'université Jean-Jaurès ont voté jeudi à la "quasi unanimité" la poursuite du "blocage" jusqu'au "mercredi 9 mai", a annoncé le syndicat étudiant Solidaires, au lendemain de la décision du tribunal administratif d'ordonner le déblocage du site.

A Strasbourg, environ 700 étudiants ont été empêchés de participer jeudi matin à une épreuve qui devait se tenir à l'université, dans un bâtiment bloqué par un groupe d'étudiants contestataires. La police a évacué dans la soirée ce bâtiment.

Enfin, à Nancy, la police est intervenue sur le campus de Lettres et Sciences humaines, où les examens avaient débuté dans la matinée, pour assurer l'accès à un amphithéâtre que des étudiants tentaient de bloquer.

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