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Nouvelle distribution d'argent qatari dans la bande de Gaza

Des centaines d'employés de l'administration civile du Hamas au pouvoir à Gaza ont de nouveau fait la queue vendredi matin devant les banques du territoire palestinien pour toucher de l'argent versé par le Qatar avec la bénédiction d'Israël, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Dans l'après-midi, vingt Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens lors de nouvelles manifestations et de heurts le long de la frontière, a indiqué le ministère gazaoui de la Santé.

Les environs de la frontière ont été le théâtre de violences qui ont fait de nombreux morts palestiniens depuis le 30 mars. Les tensions sont retombées au moins provisoirement depuis mi-novembre.

Pour la deuxième fois en un mois, la bande de Gaza a vu de longues queues se former devant les agences bancaires tôt vendredi matin.

La singularité du spectacle provient du fait qu'Israël permet au Qatar, pays arabe avec lequel il n'a pas de relations diplomatiques, de faire entrer dans la bande de Gaza des fonds largement destinés à payer des employés du mouvement islamiste palestinien Hamas, auquel Israël a livré trois guerres depuis 2008.

Objectif: dissiper les tensions qui ont failli déclencher un nouveau conflit ouvert début novembre.

En tout, ce sont 90 millions de dollars qataris qui doivent être distribués en six tranches mensuelles de 15 millions, principalement an arriérés de salaires aux fonctionnaires, mais aussi en aides financières aux habitants de Gaza.

"Cet argent nous aide à vivre nos vies et à subvenir aux besoins de nos enfants, même si ce n'est qu'un petit peu", dit Doaa, 36 ans, employée au ministère de la Femme, parmi les bénéficiaires de la distribution.

Le ministère des Finances du Hamas a indiqué dans un communiqué que les fonctionnaires percevraient 50% de leur salaire.

La première tranche de 15 millions de dollars distribuée le 9 novembre n'avait pas empêché que, deux jours plus tard, une opération secrète et manquée des forces spéciales israéliennes dans la bande de Gaza enclenche la plus grave confrontation depuis la guerre de 2014. Un cessez-le-feu avait été conclu le 13 novembre.

Depuis des mois, des dizaines de milliers de fonctionnaires ne sont plus payés que sporadiquement, ce qui ajoute aux crispations dans le territoire éprouvé par les guerres, les blocus israélien et égyptien, la pauvreté et les pénuries.

- Acteur influent -

Le Qatar, soutien de longue date du Hamas et acteur influent à Gaza, prend part, avec l'Egypte et l'ONU notamment, aux efforts pour établir une trêve durable.

Fait exceptionnel, Israël, qui contrôle tous les accès au territoire en dehors de la frontière égyptienne, a de nouveau laissé jeudi soir l'ambassadeur du Qatar, Mohammed Al-Emadi, franchir le point de passage entre Israël et l'enclave avec l'argent, selon des sources proches du Hamas.

Un Gazaoui sur deux vit sous le seuil de pauvreté, le chômage affecte 53% de la population, et l'économie de l'enclave est en "chute libre", d'après la Banque mondiale.

Les transferts d'argent qatari font grincer des dents à l'Autorité palestinienne, interlocutrice historiquement reconnue de la communauté internationale alors que le Hamas est largement ostracisé. Evincée de Gaza par le Hamas en 2007, elle se juge court-circuitée et redoute une reconnaissance de fait de l'autorité du Hamas sur Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, critiqué chez lui pour avoir accepté un cessez-le-feu avec le Hamas en novembre, a défendu ses décisions en disant que le "calme" était revenu. Il a aussi défendu les transferts d'argent qatari.

Il a indiqué que le Qatar avait été le seul à bien vouloir fournir les fonds et qu'Israël disposait de mécanismes de contrôle. Israël produit des listes de bénéficiaires gazaouis, ces listes sont transmises au Qatar et le Qatar "nous fait passer des empreintes digitales, des photos, des signatures, pour que l'argent n'aille pas à n'importe qui", a-t-il dit jeudi à des diplomates étrangers.

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