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Pour le réalisateur de "Moonlight", les écrivains noirs américains pas assez adaptés au cinéma

Les écrivains noirs américains ne sont "pas autant adaptés que leurs homologues blancs" mais "les choses vont radicalement changer", a estimé le réalisateur américain oscarisé de "Moonlight", Barry Jenkins, dont le nouveau film "Si Beale Street pouvait parler" sort en salles ce mercredi.

Barry Jenkins avait créé la surprise il y a deux ans avec "Moonlight" - l'histoire d'un garçon noir qui se bat pour vivre son homosexualité -, couronné par l'Oscar du meilleur film.

Il revient avec "Si Beale Street pouvait parler", adaptation d'un roman de James Baldwin, qui raconte l'histoire de Tish (KiKi Layne) et Fonny (Stephan James), un jeune couple noir dans le Harlem des années 1970, qui s'apprête à avoir un enfant. Mais Fonny, victime d'une erreur judiciaire, est arrêté et emprisonné, et Tish va s'engager dans un long combat pour le faire libérer.

Le film suit au plus près ce jeune couple, rappelant par des flash-backs leurs moments heureux pour mieux mettre l'accent sur les obstacles que leur amour doit traverser.

"J'ai toujours aimé James Baldwin", a expliqué à quelques journalistes dont l'AFP le réalisateur de 39 ans, qui dit avoir voulu "s'emparer de l'histoire de Tish et Fonny, qui est avant tout une histoire d'amour" pour parler de "thèmes beaucoup plus larges".

Si ce roman, publié en 1974, avait déjà été adapté à Marseille par Robert Guédiguian dans "A la place du coeur" en 1998, l'oeuvre de James Baldwin, écrivain noir américain qui a passé la majeure partie de sa vie en France, ne l'avait cependant jamais été par des cinéastes américains.

"Je pense que les auteurs noirs en général n'ont pas été adaptés autant que leurs homologues blancs aux Etats-Unis", a souligné Barry Jenkins, qui va également adapter en série pour Amazon "Underground Railroad" de l'écrivain afro-américain Colson Whitehead.

"Toni Morrison, l'une des plus grandes romancières américaines, a seulement été adaptée une fois, avec +Beloved+" de Jonathan Demme en 1999, a-t-il poursuivi. "Mais je pense que maintenant, avec ce qu'il se passe dans le cinéma, particulièrement dans le cinéma noir américain, ça va changer radicalement".

Pour Barry Jenkins, 2018 est "une grande année pour le cinéma noir" américain, avec notamment le succès du film de super-héros "Black Panther", au casting principalement noir, numéro un au box-office mondial l'an dernier avec plus de 1,3 milliard de dollars de recettes.

"Beaucoup de choses ont changé" depuis le triomphe de "Moonlight", a ajouté le cinéaste, soulignant que "ce n'est plus une surprise" d'avoir un film "au casting noir" au "centre des conversations". "Pour moi, le plus important est que ce changement continue".

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