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Protection de l'Enfance: une "stratégie" gouvernementale pour "garantir les mêmes chances à tous"

Comment offrir plus de sécurité aux enfants de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) ? C'est l'objectif que s'est fixé lundi le gouvernement en présentant une "stratégie" pour la protection de l'enfance, très attendue des associations et professionnels de ce secteur en crise, souvent oublié.

Il y a "urgence à agir et le plus précocement possible", a expliqué à l'AFP le secrétaire d’État à la Protection de l'Enfance, Adrien Taquet, qui porte cette "Stratégie nationale de prévention et de protection de l'enfance 2020-2022" dotée de 80 millions d'euros.

Pour lui, ce plan doit "apporter de la sécurité à des enfants trop ballotés, tout en prenant le virage de la prévention".

Les mesures de protection touchent la vie de 340.000 enfants en France, dont plus de la moitié sont placés en institution ou en familles d'accueil, ainsi que celle de milliers d'éducateurs et travailleurs sociaux.

Au mois de janvier, un documentaire accablant diffusé par France 3 avait mis en lumière des violences insoutenables dans certains foyers d'accueil et le manque de formation de certains éducateurs.

Dans ce plan, le gouvernement "s'engage" notamment à améliorer la qualité de vie dans les lieux d'accueil, en prévoyant la création de 600 nouvelles places d'ici 2022 - notamment pour les fratries -, l'élaboration d'un "référentiel national" de contrôle des structures, aujourd'hui souvent enclenché après un signalement, et une réflexion sur des normes d'encadrement (nombre de professionnels, compétences) définies au niveau national.

Pour les assistants familiaux (familles d'accueil), de moins en moins nombreux, l'exécutif veut ouvrir une négociation collective pour rendre leur statut "plus attractif".

Un bilan de santé complet sera effectué pour tout nouvel entrant à l'ASE, une vigilance supplémentaire demandée pour les enfants en situation de handicap, - environ 25% des enfants protégés -, tout comme un "accès à la scolarité" garanti pour tous. A 16 ans, 16% des enfants confiés ne sont plus scolarisés contre 6% de la population générale.

- "Aller plus loin" -

Pour anticiper des situations à risque, l'entretien prénatal précoce sera obligatoire et 20 relais parentaux, pouvant accueillir les enfants de familles en difficultés, devront voir le jour d'ici 2022. Actuellement, il en existe 10 sur le territoire.

Pour les anciens enfants placés, dont beaucoup se retrouvent à la rue après leur majorité, la stratégie propose d'"instituer des commissions avant les 17 ans pour anticiper l'avenir" et "faire des publics de l'ASE des publics prioritaires au logement social ou étudiant".

La majorité de ces mesures est soumise à une contractualisation avec les départements, qui ont la compétence de la protection de l'enfance et y consacrent chaque année 8 milliards d'euros.

"L'idée n'est pas de contractualiser avec tout le monde, c'est d'abord d'investir massivement dans les départements qui en ont le plus besoin, puis avec d'autres en 2021 et en 2022", a précisé M. Taquet.

Pour la députée Perrine Goulet (LREM), rapporteure d'une mission sur l'aide sociale à l'enfance, cette stratégie est "un bon début mais il faut qu'on aille plus loin", notamment sur l'accompagnement des mineurs étrangers isolés, la formation des professionnels au contact des enfants et le rôle de l'Etat.

La Cnape, qui regroupe des associations de protection de l'enfance, a salué "l'accent porté sur la prévention".

"Malgré des objectifs louables, ce plan pêche par son manque de moyens et sa méthode", a réagi auprès de l'AFP Stéphane Troussel, président PS du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, regrettant qu'"une grande partie des annonces reposent sur les épaules des départements".

"Adrien Taquet a été nommé au moment où la protection de l'enfance traversait, et traverse toujours, une grave crise. Ça fait des mois qu'on bosse pour lui faire des propositions concrètes et il n'y a rien de nature à répondre à l'urgence", a déploré Lyes Louffok, ancien enfant placé et membre du Conseil national de la protection de l'enfance.

Dans un communiqué, la présidente LREM de la Commission des affaires sociales à l'Assemblée, Brigitte Bourguignon, a dit "entendre l'exigence et l'impatience de certains acteurs de la protection de l'enfance" mais rappelé que cette stratégie constitue "une première étape" et que "les conseils départementaux doivent prendre leur part".

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