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Résolution Syrie à l'ONU: critiques russes, "discussions constructives" pour Paris

La Russie a critiqué mardi plus ou moins directement le projet de résolution occidental sur la Syrie proposé depuis samedi, sans indication sur sa position finale, alors que la France évoquait de "premières discussions constructives".

Pour l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, cette initiative est "prématurée". La veille, Moscou, qui a recouru depuis 2011 à 12 veto à l'ONU, avait laissé entendre être disposé à l'étudier.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation humanitaire en Syrie, le diplomate russe a dénoncé à nouveau les raids aériens samedi des Etats-Unis, de la France et du Royaume Uni.

"Vous devez reconstruire ce que vous avez détruit", a lancé Vassily Nebenzia. "L'idée de créer un mécanisme d'enquête sur les armes chimiques a perdu de son sens alors que Washington et ses alliés ont déjà désigné les coupables". "Un tel système n'a pas fonctionné dans le passé, il ne fonctionnera pas à l'avenir", a-t-il asséné.

Le projet de résolution, qui aborde pour la première fois ensemble les aspects chimique, humanitaire et politique du conflit syrien, prévoit de créer "un mécanisme indépendant" d'enquête sur le recours aux armes chimiques. Il impose à Damas de "mettre un terme définitif au programme chimique syrien" sous le contrôle de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

L'ONU est dépourvu de mécanisme d'enquête depuis fin 2017 et la disparition du groupe JIM (ONU-OIAC), victime de plusieurs veto russes ayant empêché la prolongation de son mandat.

Une première réunion sur le projet de texte initié par la France, au niveau des experts des 15 pays membres du Conseil de sécurité, s'est tenue lundi. D'autres pourraient suivre dans la semaine, sans date à ce stade pour une mise au vote.

- "Négociation exigeante" -

"A rebours de l'approche en silos qui a conduit à tant d'impasses, le projet de résolution", reposant sur une "approche globale et intégrée, vise à recréer un espace de négociations, à établir des convergences possibles et à créer les conditions d'une réelle dynamique diplomatique sur le dossier syrien", a fait valoir devant le Conseil de sécurité l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre.

"A en juger par l'intérêt suscité par notre projet et par les premières discussions constructives auxquelles il a donné lieu, cette nouvelle approche fait en tout cas l'objet d'un large appui. Il s'agit à présent d'engager sur cette base une négociation approfondie, exigeante et de bonne foi", a-t-il ajouté.

Son homologue britannique, Karen Pierce, avait rappelé au préalable devant des journalistes qu'il s'agissait de "tracer une voie vers un processus politique. Nous savons tous que cela prendra du temps", a-t-elle dit, précisant ne pas s'attendre "à des progrès rapides".

L'entourage du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a indiqué mardi que la France "espérait convaincre la Russie" sur son texte. "La Russie peut à un moment avoir un intérêt à travailler avec nous pour que la crise reste circonscrite et qu'on en sorte", a-t-on précisé de même source.

Le projet de résolution réclame aussi l'application stricte d'un cessez-le-feu et "un accès humanitaire sans restriction" dans tout le pays. "Notre projet de résolution vise à obtenir des progrès essentiels en matière humanitaire", a martelé François Delattre.

Le texte prévoit aussi la relance des négociations de paix à Genève, actuellement dans l'impasse.

"Il est difficile d'imaginer qu'après tout ce qui s'est passé, les autorités syriennes aient un quelconque enthousiasme à discuter d'une solution politique dans leur pays à la demande de la troïka occidentale", a relevé Vassily Nebenzia.

"Si l'objectif est de forcer le président syrien, sous un déluge de bombes, à s'asseoir à la table de négociations... cet objectif est tout simplement irréaliste", a affirmé le diplomate russe.

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