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Sans trop le connaître, les Cubains attendent beaucoup du nouveau président

Ils savent que, contrairement aux frères Castro, il n'a pas fait la révolution, et certains ne le connaissent même pas, mais cela n'empêche pas les Cubains d'accueillir leur nouveau président, Miguel Diaz-Canel, avec l'espoir qu'il accélère les réformes sur l'île.

"Nous espérons plus de changements. Le pouvoir passe à une personne beaucoup plus jeune, avec de nouvelles idées, de nouvelles perspectives, donc nous espérons que les réformes aillent plus vite", témoigne Yani Pulido, 27 ans, serveuse dans un bar de La Havane.

Sans s'arrêter de servir les clients, Yani se dit "un peu impressionnée par sa ressemblance avec l'acteur américain" Richard Gere, mais affirme immédiatement: "Il n'a ni le charisme ni les capacités oratoires de Fidel. Si on le compare avec Fidel, et c'est difficile de ne pas le faire, alors bien sûr il n'est pas à sa hauteur".

A la télévision, chez eux ou depuis leur travail, les Cubains ont suivi avec attention mercredi et jeudi la session historique du Parlement qui a désigné l'ingénieur Miguel Diaz-Canel, 57 ans, comme premier président de l'île après 60 ans de pouvoir exclusif des frères Castro.

Si Raul Castro restera au premier plan, à la tête du puissant Parti communiste cubain (PCC) jusqu'en 2021, les habitants comptent sur ce nouveau président pour poursuivre les réformes économiques lancées par son prédécesseur.

Diaz-Canel n'a rien d'un nouveau venu: homme du sérail, il a occupé ces 24 dernières années des postes importants au sein du PCC et du gouvernement. Mais, étonnamment, il intrigue beaucoup de Cubains qui avouent le connaître à peine.

- "Homme de terrain" -

A Villa Clara, la province du centre de l'île qui l'a vu naître et devenir dirigeant de l'Union des jeunes communistes puis du PCC, on se souvient de lui comme d'un homme simple et cordial.

Certains n'ont pas oublié le temps où il arpentait à vélo les rues de la ville, actif à la fois dans l'économie et dans la culture, à un moment où Cuba souffrait durement de la fin de l'Union soviétique - son grand soutien - en 1991.

"C'est un dirigeant de terrain (...). Quand il dirigeait le parti ici c'était génial, car il ne comptait pas ses heures et il était partout", se souvient le retraité José Gonzalez, qui vit à Santa Clara, capitale de la province.

Mais tout le monde n'est pas aussi familier de cet homme imposant qui multiplie pourtant les interventions dans les médias d'Etat.

"Je sais très peu de lui. Un nouveau président que nous connaissons à peine, moi ça me préoccupe", se plaint Raul Portillo, 79 ans, agent de surveillance d'un magasin d'Etat.

"Je sais seulement ce que retransmet le journal télévisé", confie aussi Hector Fuente, conducteur de vélotaxi de 36 ans.

- "Suivre un programme" -

L'heure est au changement d'époque pour les Cubains, dont plus de 80% sont nés sous le gouvernement des frères Castro, et l'espoir de changement est intact malgré le désir de continuité affiché par le nouveau président.

Car s'ils ont applaudi les réformes de Raul Castro destinées à "actualiser" le modèle économique du pays, beaucoup d'entre eux restent sur leur faim. Ils espèrent que leur nouveau dirigeant accélérera le rythme dans cette île où, avec un salaire moyen de 30 dollars, le quotidien est souvent difficile.

Pour Osmany Rojas, 41 ans, qui jongle pour s'en sortir entre un emploi de professeur de sport dans une école et un autre de videur dans un bar privé, il reste "des choses à accomplir" sur le chemin tracé par Raul.

Il espère donc que Diaz-Canel "reprenne la réforme économique avec de nouvelles perspectives, une autre façon de penser, peut-être plus ouverte, et surtout qu'il améliore les salaires et les options de travail pour les jeunes".

Etudiante en première année de médecine, Dayana Cardenas, 18 ans, est du même avis: "Il faut que Cuba évolue, qu'on mette l'accent sur de nouvelles voies pour parvenir à ce socialisme prospère et durable dont on parle tant".

Mais beaucoup s'interrogent sur la marge de manoeuvre du nouveau chef de l'Etat.

"Quand Fidel est tombé malade, il a placé son frère, mais il l'a toujours guidé, et avec Diaz-Canel cela va être pareil, Raul va le guider", assure le chauffeur de vélotaxi Hector Fuente.

Et il ajoute: "Diaz-Canel doit suivre un programme, ce sont les lignes qui ont déjà été approuvées par le congrès du parti. Jusqu'à quel point pourra-t-il sortir de ce programme? Je ne sais pas".

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