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Soudan: plus de sept mois de crise

Rappel des étapes de la crise au Soudan, où l'armée qui gouverne et les chefs de la contestation sont parvenus samedi à un accord ouvrant la voie à un transfert du pouvoir aux civils.

- Pain et liberté -

La contestation, née le 19 décembre 2018 d'une colère contre le triplement du prix du pain dans un contexte de crise économique, prend la forme, à partir du 6 avril, d'un sit-in devant le quartier général de l'armée à Khartoum pour réclamer le départ d'Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.

Le 11 avril, Omar el-Béchir est destitué et arrêté par l'armée. Des milliers de protestataires restent devant le QG de l'armée, réclamant le transfert du pouvoir aux civils.

- Echec des négociations -

Le 20 mai, malgré des avancées, des négociations entre militaires et meneurs de la contestation s'achèvent brusquement sans accord sur la composition d'un Conseil souverain censé assurer une transition de trois ans, avant un transfert du pouvoir aux civils.

Les mouvements islamistes font bloc derrière l'armée, espérant préserver la charia (loi islamique) en vigueur depuis le coup d'Etat ayant porté M. Béchir au pouvoir en 1989.

Une grève générale est observée les 28 et 29 mai.

- Contacts à l'étranger -

Fin mai, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane, se rend en Egypte, en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, pays réputés hostiles aux soulèvements populaires dans la région.

Le 31 mai, le Conseil militaire ferme le bureau à Khartoum de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera, qui diffuse régulièrement des images des manifestations. L'ambassadeur du Soudan au Qatar, allié historique du président déchu el-Béchir, est rappelé à Khartoum pour consultation.

- Répression sanglante -

Le 3 juin, le sit-in devant le QG de l'armée est dispersé par des hommes armés en tenue militaire. Plus de 100 personnes sont tuées, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) sont pointés du doigt, le Conseil militaire ordonne l'ouverture d'une enquête.

L'armée déclare caducs les accords conclus avec les contestataires et appelle à des élections dans "neuf mois maximum". Les protestataires dénoncent un "putsch".

- Médiation -

Du 9 au 11 juin, Khartoum est pratiquement paralysé par une campagne de désobéissance civile lancée par la contestation.

La médiation éthiopienne, initiée le 7 juin, déclare que le Conseil militaire et la contestation acceptent de reprendre les négociations.

Le 27, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, annonce avoir reçu un nouveau "projet d'accord" des médiateurs de l'Ethiopie et de l'Union africaine (UA). Le 29, les généraux se disent prêts à négocier.

Le 30 juin, des dizaines de milliers de Soudanais défilent dans le pays, et dix personnes sont tuées, selon le comité de médecins.

- Accord de transition -

Le 5 juillet, après deux jours de négociations, un accord est trouvé entre généraux et protestataires sur les grandes lignes de la future période de transition.

Une "déclaration politique", qui entérine le principe d'un partage du pouvoir pendant la transition, est signée le 17 juillet. Elle prévoit la création d'un "Conseil souverain" devant gérer la transition pendant un peu plus de trois ans.

Le 29 juillet, six manifestants dont quatre lycéens sont tués par balles lors d'un rassemblement à Al-Obeid (centre), entraînant la suspension des pourparlers avant l'arrestation de neuf paramilitaires des RSF.

Les discussions reprennent finalement le 1er août pour aboutir à un accord annoncé samedi à l'aube par le médiateur de l'UA, ouvrant la voie à un transfert du pouvoir aux civils.

Selon le comité de médecins proche de la contestation, au moins 250 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement.

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