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Syrie: un Pakistanais et son épouse, premiers civils évacués de la Ghouta

Un Pakistanais et sa femme ont été évacués de l'enclave rebelle dans la Ghouta orientale, les premiers civils à rejoindre Damas à la faveur d'un contexte d'accalmie relative, selon des sources concordantes jeudi.

Un couloir a été mis en place dans le cadre d'une "pause humanitaire" quotidienne de cinq heures annoncée par la Russie et entrée en vigueur mardi pour permettre l'acheminement des aides et la sortie de civils de cette enclave, cible d'une campagne aérienne du régime qui a coûté la vie à plus de 610 civils depuis le 18 février.

L'évacuation mercredi de Mohamad Fadl Akram, 73 ans et sa femme Saghran Bi bi, 63 ans, n'est toutefois pas liée à la trêve russe, mais elle est le résultat de "négociations menées depuis longtemps par l'ambassade pakistanaise", a affirmé à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon l'OSDH, aucun civil ou convoi d'aides n'a emprunté, depuis mardi, le couloir établi au niveau du secteur d'Al-Wafidine, pour sortir de l'enclave rebelle proche de Damas, à l'exception de ces deux Pakistanais.

Le couple devrait rejoindre son pays d'origine après avoir vécu des décennies en Syrie, dont plusieurs années passées sous un siège imposé par le régime à partir de 2013 à cette dernière poche de dissidence aux portes de Damas.

"Je suis très fatigué de tous ces bombardements (...) j'espérais que cela prenne fin. Chaque jour je me disais que c'était le dernier jour. J'ai fini par contacter l'ambassade (pakistanaise)", a raconté à l'AFP à Damas M. Akram.

Des contacts ont ainsi été entrepris entre la chancellerie du Pakistan à Damas et les autorités syriennes pour faciliter son évacuation et celle de sa femme, à la faveur d'un arrêt partiel des combats.

- 'Ici chez moi' -

"Je suis arrivé en Syrie en 1974 pour effectuer un pèlerinage et j'avais l'intention de repartir ensuite dans mon pays mais j'ai fini par m'installer ici avec ma femme syrienne que j'ai épousée un an plus tard", a-t-il raconté.

Après le décès de sa femme en 2013, Mohamad a épousé une Pakistanaise qui résidait en Syrie.

Les dernières années furent toutefois particulièrement difficiles pour ce berger qui n'avait qu'un maigre troupeau de moutons. "Il n'y avait plus de travail (...) mais grâce à Dieu j'étais soutenu par des personnes généreuses et je m'occupais de mes moutons", a-t-il dit.

"Mais il est très dur de quitter ma maison. C'est ici chez moi. La Syrie est ma maison, pas le Pakistan", a confié Mohamad, visiblement ému.

Il devra laisser derrière lui ses deux fils et trois filles ainsi que ses 12 petits-enfants. "L'Etat (syrien) n'a pas accordé l'autorisation" à leur sortie, a-t-il regretté.

Quelque 400.000 habitants de l'enclave rebelle sont assiégés depuis 2013 par le régime et subissent au quotidien pénurie de nourritures et de médicaments.

Déclenché le 15 mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 340.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.

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