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Trois mois après sa condamnation, Georges Tron démissionne de son mandat de maire de Draveil

Condamné en appel en février pour viol et agressions sexuelles, l'ex-secrétaire d'Etat Georges Tron a démissionné mardi de son mandat de maire de Draveil (Essonne) qu'il continuait de diriger tout en étant incarcéré, a indiqué à l'AFP le premier adjoint Richard Privat.

"Je vous confirme la démission de Georges Tron de son mandat de maire", a dit à l'AFP M. Privat, premier adjoint et remplaçant du maire "empêché".

Dans une lettre adressée à la Préfecture de l'Essonne et consultée par l'AFP, Georges Tron, secrétaire d'Etat entre 2010 et 2011 au sein du gouvernement Fillon, affirme qu'il s'agit d'"une décision bien douloureuse".

"À cette heure, la préfecture a été informée de la perspective de démission de M. Tron mais n'a pas reçu les lettres de démission", a précisé la préfecture à l'AFP.

Après un feuilleton judiciaire de dix ans et un acquittement en première instance, l'élu a été condamné en appel en février à cinq ans d'emprisonnement, dont trois fermes, pour viol et agressions sexuelles d'une ancienne collaboratrice à la mairie, assortis de six ans d'inéligibilité. Il s'est pourvu en cassation.

Le 22 mars, une demande de mise en liberté du maire, incarcéré à la prison de la Santé à Paris, a été rejetée.

Sa démission intervient alors que l'opposition et les associations féministes critiquaient son "omniprésence" à la tête de la mairie avec laquelle il est en contact "quotidiennement". Des lettres du maire ont été notamment lues lors de deux conseils municipaux tenus depuis février.

Massages de pieds, enregistrements clandestins, mensonges et "omerta", descriptions crues de scènes sexuelles trioliques: le microcosme de la mairie avait été largement décrit durant les quatre semaines du procès en appel qui s'est tenu en février.

Selon deux anciennes employées de la commune, parties civiles, Georges Tron avait utilisé son pouvoir et sa prestance pour se constituer un "harem municipal" en proposant un emploi à des femmes dans sa ville.

Le maire leur aurait imposé des attouchements et pénétrations digitales entre 2007 et 2010, généralement lors de scènes de triolisme avec son adjointe à la Culture d'alors, Brigitte Gruel, selon les victimes.

- Une "évidence" -

Maire LR depuis 25 ans de cette ville de 30.000 habitants sur la rive droite de la Seine, à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, Georges Tron a été réélu à plus de 64% lors des élections municipales en 2020 et est soutenu d'un seul bloc par sa majorité.

Le 12 mai, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait indiqué que le gouvernement travaillait sur "les conditions" de la révocation de Georges Tron mais qu'"il y a(vait) des enjeux juridiques".

Dans sa lettre, M. Tron a écrit: "Ma condamnation n'étant pas définitive, je suis toujours présumé innocent et dans ce cadre, et malgré la difficulté et la dureté de cette situation pour mes proches et moi-même, j'ai, en total accord avec mon équipe municipale, continué à exercer mes fonctions de maire de Draveil ces trois derniers mois".

"Mais un débat s'ouvre aujourd'hui sur la capacité matérielle dont je disposerais pour exercer mes fonctions. Je n'ai pas les moyens d'y participer", a-t-il poursuivi.

"C'est la moindre des choses", a succinctement commenté sur Twitter Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté.

Pour l'association "Osez le féminisme!", c'est "une belle victoire féministe". "Enfin! Il aura fallu 3 mois de mobilisation des féministes et des élu.e.s pour obtenir ce qui aurait du être évidence", a réagi de son côté la sénatrice PS Laurence Rossignol.

Pour François Guignard, à la tête du groupe d'opposition Draveil Transition, cette démission est "une bonne chose pour la démocratie. Les citoyens attendent de leurs élus une exemplarité", a-t-il dit à l'AFP.

"Il reste conseiller municipal et conseiller communautaire. Il fait le choix du calendrier, de son remplaçant à la mairie et au conseil départemental, il tire toutes les ficelles", a ajouté François Damerval, autre élu d'opposition.

Georges Tron a démissionné également de son mandat de vice-Président de la communauté d'agglomération Val-d'Yerres/Val de Seine.

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