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Turquie: le sort de 130.000 salariés du secteur public en suspens deux ans après la purge

(Belga) Près de 130.000 salariés turcs du secteur public sont toujours en attente de justice et dans l'incertitude quant à leur avenir, plus de deux ans après avoir été licenciés arbitrairement durant la purge qui a fait suite à une tentative de coup d'Etat en juillet 2016 en Turquie, ressort-il d'un rapport publié jeudi par Amnesty International.

Les salariés du secteur public démis de leurs fonctions après avoir été accusés de "liens avec des groupes terroristes" n'ont pas encore été réintégrés ni indemnisés, tandis que la commission créée pour réexaminer les décisions de licenciement est inadaptée aux besoins, pointe Amnesty dans son rapport intitulé 'Purged beyond return? No remedy for Turkey's dismissed public sector workers'. "Malgré la nature clairement arbitraire de ces licenciements, la commission chargée de réexaminer les décisions ne respecte pas les normes internationales et ne fait qu'entériner les décisions initiales entachées d'irrégularités. Le processus dans son ensemble est un affront honteux à la justice", dénonce le directeur des recherches et de la stratégie sur la Turquie à Amnesty International, Andrew Gardner. Une commission d'enquête relative à l'état d'urgence a été mise sur pied en janvier 2017, par le gouvernement sous pression, pour réexaminer les décisions de licenciement prises par décret. "Sur environ 125.000 demandes déposées par des personnes licenciées, la Commission n'avait statué que dans 36.000 cas au 5 octobre 2018. Parmi ceux-ci, les décisions d'origine ont été annulées dans moins de 7% (2.300) des cas", dénonce Amnesty. L'ONG indique également dans son rapport que la commission est également "entachée par un manque d'indépendance institutionnelle, de longs délais d'attente, l'absence de garanties permettant aux personnes de réfuter réellement les allégations, et la faiblesse des éléments invoqués dans les décisions confirmant les licenciements". Par ailleurs, le rapport pointe que les personnes qui parviennent à être rétablies dans leurs fonctions se retrouvent souvent dans une situation matérielle moins bonne qu'avant leur licenciement injustifié. Amnesty s'inquiète également de l'adoption d'une nouvelle loi en juillet 2018 pour autoriser pendant trois ans supplémentaires les licenciements sans préavis de salariés du secteur public soupçonnés d'avoir des liens avec des organisations "terroristes" ou d'autres groupes constituant une menace pour la sécurité nationale. "S'il existe des soupçons raisonnables d'acte répréhensible, de faute professionnelle ou d'infraction pénale, les personnes concernées doivent être démises de leurs fonctions par le biais d'une procédure disciplinaire régulière. En revanche, les autorités doivent réintégrer tous les salariés du secteur public licenciés sans préavis par décret et les indemniser pour les préjudices subis, notamment la perte de revenus et l'impact psychologique dévastateur que ces licenciements ont eu sur leur vie", conclut M. Gardner. (Belga)

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