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Une mosquée de Cannes menacée de fermeture, notamment pour "propos antisémites"

Accusée d'avoir propagé des "propos antisémites", une mosquée de Cannes (Alpes-Maritimes) est visée par une procédure de fermeture, a annoncé mercredi Gérald Darmanin, provoquant l'incompréhension du nouveau recteur, pour qui la responsabilité incombe à son prédécesseur, qui n'y exerce plus "aucune influence".

"Nous fermons l'une des mosquées de Cannes parce que nous lui reprochons des propos antisémites, des soutiens au CCIF (Collectif contre l'islamophobie en France, ndlr) et BarakaCity", a déclaré le ministre de l'Intérieur sur Cnews, après "s'être entretenu" avec le maire LR de Cannes, David Lisnard.

Le CCIF et BarakaCity, deux associations "islamistes" selon le ministre, ont été dissoutes dans le sillage de l'assassinat de Samuel Paty en octobre 2020.

"Une procédure contradictoire" a été lancée "afin d'envisager la fermeture administrative de la mosquée pour une durée de deux mois", a précisé la préfecture des Alpes-Maritimes dans un communiqué. Cette procédure devrait durer dix jours.

L'établissement visé est la mosquée Al Madina Al Mounawara, dans le centre-ville de Cannes. Ouvert depuis 25 ans sur un terrain privé, ce lieu de culte musulman accueille "beaucoup de monde et dans le quartier, on s'en plaint en raison des difficultés que cela crée", a indiqué à l'AFP un responsable de la municipalité.

"Cela fait longtemps que la municipalité a alerté les autorités pour des prises de position de l'ancien recteur qui remettait en cause l'Etat et la France", a ajouté cette source.

Cette procédure a été ouverte en raison de "propos haineux envers la France" et de propos "incitant à la haine envers les homosexuels ou transsexuels", a détaillé la préfecture, parlant aussi d'"une haine antisémite explicite" .

La mosquée "promeut la charia, soutient l'islam radical et favorise de ce fait le repli séparatiste", selon la préfecture, qui relève également "les comportements ambigus entretenus avec des individus appartenant à la mouvance islamiste radicale et acquis aux thèses pro jihadistes".

- "Chacun a sa lecture" -

Cette menace de fermeture est "injuste et injustifiée", a répondu Ahmed Guessoum, actuel recteur et imam de la mosquée, en rejetant la responsabilité des propos litigieux sur son prédécesseur, Mustapha Dali, en poste pendant une vingtaine d'années.

"La personne mise en cause aujourd'hui, c'est l'ex-recteur, qui a démissionné, est parti à la retraite et n'habite plus Cannes", a insisté M. Guessoum: "Il n'interfère plus dans les affaires de la mosquée, il n'a aucune influence".

"La page Facebook (de l'ancien recteur), je la visite peut-être une fois tous les 15 jours. Quand vous consultez cette page Facebook, vous allez trouver un peu de tout", a confirmé le nouveau recteur de la mosquée Al Madina Al Mounawara. "Je l'ai vue ce matin. Moi quand je lis, je ne vois pas de xénophobie ou d'antisémitisme dans ce qu'il écrit. Après, moi, je ne justifierai rien, chacun a sa lecture", a-t-il ajouté.

"Nous savons que l'immense majorité des musulmans qui fréquentent cette mosquée très ancienne ne partagent pas sa dérive, certains nous avaient d'ailleurs alertés", avait indiqué la mairie de Cannes dans un communiqué, soulignant que la ville compte plusieurs autres mosquées, dont aucune ne pose de problème particulier.

Selon M. Darmanin mercredi, sur les "plus de 2.500 lieux de culte musulmans" en France, 70 seraient "radicalisés".

Sur ce total, "21 sont actuellement fermés, du fait de prescriptions administratives, d'une décision judiciaire, d'une reprise de bail, de travaux ou d'une fermeture administrative", selon des chiffres datant de fin décembre. Et cinq faisaient "l'objet d'une instruction" en vue d'une possible fermeture, dont celle de Cannes.

Fin décembre, la justice a confirmé la fermeture de la mosquée de Beauvais, pour des prêches d'un imam faisant notamment l'apologie du jihad armé.

Fin octobre, c'est la mosquée d'Allonnes, près du Mans (Sarthe), soupçonnée de légitimer le jihad armé ou le terrorisme lors des prêches, qui avait été fermée pour six mois sur décision préfectorale.

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