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Venezuela: Macron critique l'organisation des élections, Caracas appelle au respect

Le président français Emmanuel Macron a critiqué mardi les conditions d'organisation de l'élection présidentielle au Venezuela, qui ne permettent pas selon lui "un scrutin juste et libre", et Caracas a riposté en appelant au "respect" de ses affaires intérieures.

"Président @EmmanuelMacron, le 20 mai, des millions de Vénézuéliens éliront démocratiquement le président (...) Nous exigeons le respect des affaires intérieures du Venezuela", a écrit mardi sur Twitter le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Jorge Arreaza.

Il répondait ainsi aux critiques adressées plus tôt à Caracas par le président français, qui a reçu au Palais de l'Elysée trois représentants de l'opposition vénézuélienne.

Ces opposants ont entamé en France une tournée européenne pour tenter d'accroître la pression internationale sur le gouvernement socialiste du président Nicolas Maduro, candidat à un nouveau mandat.

Après avoir "déploré les atteintes répétées à l’Etat de droit et aux droits de l’Homme", M. Macron a déclaré que "les conditions d’organisation des élections présidentielles au Venezuela, le 20 mai, ne permettaient pas, en l’état, un scrutin juste, libre et transparent", selon un communiqué de la présidence française.

"La France se tient prête, aux côtés de ses partenaires européens, à adopter de nouvelles mesures si les autorités vénézuéliennes ne permettent pas la tenue d'élections démocratiques", a-t-il ajouté.

S'adressant à la presse mardi en fin d'après-midi, à l'issue d'une rencontre avec son homologue argentin Jorge Faurie, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait pour sa part rappelé que "la France appelle à la tenue d'élections justes et transparentes, garantissant l'égalité devant le suffrage et l'indépendance du juge électoral".

Et qu'"à défaut de progrès en la matière, la France, en lien avec ses partenaires européens, adoptera les mesures additionnelles qui s'imposent".

Dans sa réponse à Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères a ajouté qu'"un président de la France ne devrait pas se subordonner aux desseins guerriers de @realDonaldTrump, et encore moins suivre ses ordres".

Le président américain a pris des sanctions contre M. Maduro et plusieurs responsables vénézuéliens pour forcer Caracas à "restaurer la démocratie". L'Union européenne a elle aussi sanctionné sept fonctionnaires vénézuéliens - dont le ministre de l'Intérieur et de la Justice, Nestor Reverol - qu'elle accuse de "graves violations des droits de l'Homme".

- "Plus de sanctions individualisées" -

Les représentants de l'opposition vénézuélienne, l’ancien président de l’Assemblée nationale du Venezuela, Julio Borges, l’ex-maire de Caracas, Antonio Ledezma, et Carlos Vecchio, coordinateur politique du parti Voluntad Popular, ont pour leur part appelé mardi la communauté internationale à ne pas reconnaître les résultats de la prochaine présidentielle, qui est pour eux "frauduleuse" et uniquement destinée à maintenir au pouvoir le président Maduro.

"Notre message le plus important, c'est que le monde ne reconnaisse pas l'élection du 20 mai", a déclaré à l'AFP le député Julio Borges, un des principaux dirigeants de la coalition de l'opposition, la Table de l'unité démocratique (MUD).

"Nous voulons des élections libres au Venezuela et ce qui se prépare, ce sont des élections auxquelles il est impossible de participer car les candidats sont soit prisonniers, soit invalidés, soit en exil", a ajouté M. Borges.

"Nous venons demander au gouvernement français d'accroître la pression pour libérer le Venezuela de la dictature", a déclaré M. Ledezma, qui vit en Espagne après avoir quitté en novembre son pays où il est accusé de conspiration.

"Il faut plus de sanctions individualisées contre les proches du régime", a-t-il demandé.

M. Maduro cherche à obtenir un second mandat de six ans à la tête du Venezuela. La MUD boycotte ce scrutin, invoquant la fraude dans ce pays où la situation économique s'est fortement dégradée et dont Paris a dénoncé une "dérive autoritaire" inacceptable.

M. Macron a ainsi "souligné l’inquiétude de la France face à la dégradation de la situation humanitaire au Venezuela et ses répercussions sur les pays voisins, regrettant que les autorités vénézuéliennes continuent à refuser toute aide internationale".

"La France et l’Union européenne restent convaincues que la solution à la crise au Venezuela ne peut être que pacifique et négociée", a-t-il insisté.

Mi-mars, les Nations unies ont déclaré étudier la demande du gouvernement et du candidat de l'opposition Henri Falcon, qui est un membre de la MUD mais a décidé de se présenter au scrutin, d'envoyer une mission d'observation à l'élection du 20 mai.

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