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Dylan, 24 ans, a été victime d’usurpation d’identité et est aujourd’hui fiché à la Banque Nationale: "Un crédit de 40.000 euros a été ouvert à mon nom"

A 24 ans, Dylan a été victime d’une importante usurpation d’identité. C’est suite au vol, cet été, de ses papiers d’identité que tout a été commencé. Le jeune homme se retrouve aujourd’hui surendetté et fiché à la Banque Nationale à cause de nombreux crédits ouverts en son nom sur base de sa simple carte d’identité. C’est totalement désemparé qu’il a poussé le bouton orange Alertez-nous avec pour espoir de sortir de cette affaire.

L'été dernier, Dylan a été victime d'un usurpation d'identité avec de lourdes conséquences. Le jeune homme de 24 ans était en soirée avec des amis lorsqu’il a perdu son sac, dans lequel se trouvaient tous ses documents d’identité. "En l’espace de quelques secondes, j’ai égaré mon attention et je me suis retrouvé sans sac, sans avoir vu quelqu’un me le prendre. Sur le moment même, j’ai cru que c’était un ami qui voulait me faire une blague", se souvient-il.

Naïf, il n’a pas immédiatement entrepris les démarches pour signaler la perte de ses cartes d’identité et de banque. "Je n’ai pas réellement pris conscience que c’était un vol. J’ai continué ma soirée car le plus important, c’est que j’avais toujours mon téléphone portable sur moi. J’ai cru qu’à mon âge, je n’aurais pas de problème", avoue-t-il, sans imaginer une seconde l’horreur qu’il s’apprêtait à vivre.

Il reçoit une carte Visa, puis une MasterCard !

Quelques jours plus tard, les choses ont pourtant pris une tournure inattendue pour le jeune homme. "Je reçois par la poste une carte VISA Gold, alors que je n’en avais pas fait la demande. Puis, je reçois une carte MasterCard Platinium. Mais ça ne s’est pas arrêté là, j’ai aussi reçu des factures de plusieurs opérateurs mobiles m’annonçant que j’avais ouvert un crédit téléphonique pour acquérir un iPhone 12 Pro Max de 500 GB. Je n’avais évidemment rien demandé de tout ça", témoigne notre interlocuteur.

Il a alors rapidement bloqué sa carte d’identité mais pas sa carte de banque. "Je pensais qu’en n'ayant pas d’argent sur mon compte, on ne pourrait rien débiter." Et pourtant… Dylan n’était pas encore au bout de ses surprises.

Les escrocs s'achète une voiture à 40.000 euros, au nom de Dylan

"J’ai reçu une lettre venant de Cardoen m’apprenant que j’étais propriétaire d’une voiture suite à un crédit de 40.000 euros ouvert en mon nom chez un concessionnaire Jaguar et Land Rover. Je tiens à préciser que je n’ai pas le permis de conduire ni la théorie", insiste le Montois, totalement désemparé. "On m’indique que les mensualités sont de 468,06 euros et que je serai débité sur mon compte bancaire à partir du 12 septembre 2021 et jusqu’au 12 août 2026", poursuit-il.

J’étais à mi-temps et en CDD de trois mois donc un prêt de 40.000 euros n’aurait jamais dû être accepté en mon nom

En se renseignant sur ce financement auto, Dylan apprend que le crédit a été accordé par l’organisme AlphaCredit, filiale de BNP Paribas Personal Finance. "A ce moment-là, j’étais à mi-temps et en CDD de trois mois donc un prêt de 40.000 euros n’aurait jamais dû être accepté en mon nom", souligne notre témoin. Il découvre également que les différents crédits téléphoniques ont également été passés chez cette même société. "En me renseignant sur eux, j’ai vu qu’ils sont apparemment bien connus pour ce genre de choses…"

Malgré la plainte auprès de la police, les mises en demeure et menaces de huissiers ont commencé à arriver au domicile de ses parents. "J’ai bien évidemment contacté AlphaCrédit mais leur seule réponse a été de dire que jusqu’à preuve du contraire, ces crédits étaient bien à mon nom", regrette Dylan. Toute cette situation a créé énormément d’angoisse pour le jeune homme qui ne sait plus que faire. "Je me sens super mal, tous les jours, je stresse et je pense à ça. J’ai peur en me levant le matin de découvrir une nouvelle facture. Je ne pensais pas vivre ça à 24 ans mais en tout, il y en a pour plus de 42.000 euros sans compter les crédits téléphoniques", confie-t-il. Il est aujourd’hui fiché à la Banque Nationale et attend désespérément une évolution dans ce dossier. "Ça va faire 7 mois et ça n’a pas encore bougé. J’ai peur qu’il y ait des saisies d’huissiers au domicile de mes parents et que ça les touche directement… Je reçois encore des mises en demeure": 


S’il y a bien un conseil que Dylan veut absolument donner aujourd’hui, c’est de rapidement bloquer toutes ses cartes lorsque l’on est victime d’un vol de papier. "Il faut directement faire une déclaration de vol, tout bloquer pour éviter que des choses comme ça se passent", alerte notre interlocuteur. C’est d’ailleurs précisément ce que vous conseillera de faire la Fédération belge du secteur financier. "Quand on perd ou qu’on se fait voler sa carte d’identité, notre recommandation première est de porter plainte directement auprès de la police pour acter la date du vol ou de la perte. Il faut aussi faire bloquer sa carte d’identité par la police", affirme Rodolphe de Pierpont, le porte-parole de Febelfin. De cette manière, il sera plus facile de contester tout contrat passé en votre nom après la date de la déclaration de vol.

Des mécanismes de détection existent

Pour ce représentant du secteur financier, il existe des règles pour encadrer les ouvertures de comptes bancaires. "Une banque, avant d’ouvrir un compte bancaire, va nécessairement contrôler votre identité, affirme-t-il. Elle va contrôler la photo, avoir besoin de votre carte d’identité pour la contrôler. C’est une première barrière si on voit que la carte a été bloquée." Malheureusement, certaines fraudes arrivent malgré tout à passer entre les mailles du filet. "On voit, par exemple, des situations où une personne ressemble à la personne sur la carte d’identité volée", concède Rodolphe de Pierpont.

Pour solliciter un crédit bancaire, le principe est le même que pour l’ouverture d’un compte : vos documents seront également vérifiés. "L’organisme ou la banque va demander préalablement des fiches de paies, qui sont les documents qui attestent des revenus avant de pouvoir examiner la capacité de remboursement des emprunteurs", poursuit le porte-parole de Febelfin. Dans le cas de Dylan, de fausses fiches de paies ont donc probablement été utilisées afin d’ouvrir le crédit de 40.000 euros auprès d’AlphaCredit. "De nouveau, il existe des mécanismes de détection : les fiches de paies sont analysées mais ça arrive de passer entre les mailles du filet."

Malgré ces systèmes de détection, on constate en effet que, dans certains cas, ce n’est pas suffisamment contrôlé. Samuel Rosenblatt est avocat spécialisé en droit pénal et est régulièrement confronté à ce type de fraude. "C’est un problème que l’on rencontre souvent. Ça arrive très fréquemment que des personnes soient victimes de fraude et ce qui est fou, c’est la facilité avec laquelle on peut obtenir un crédit sur Internet en seulement quelques clics", constate-t-il. Pourtant, le porte-parole de Febelfin nous le confirme, qu’il s’agisse de démarches en agence ou en ligne, les règles de précaution restent exactement les mêmes. Mais cet avocat fait souvent face à des contrats remplis d’erreur, notamment chez AlphaCredit. "Parfois, il y a des choses totalement aberrantes sur les contrats : par exemple, la signature sur le contrat du crédit ne ressemble pas à celle sur la carte d’identité. Ou bien il s’agit d’une dame mais il sera noté Monsieur sur le contrat. Il est aussi arrivé qu’il soit noté qu’une personne était célibataire et pensionnée alors qu’elle travaille et est mariée…", détaille Samuel Rosenblatt.

Il faut déposer plainte avec constitution de partie civile entre les mains d’un juge d’instruction contre X.

Pour lui, ces fraudes sont généralement organisées par des professionnels, ce que cet avocat qualifie d’association de malfaiteurs. Les auteurs seront rarement appréhendés car ils n’apparaissent pas dans les démarches et recourent souvent à ce que l’on appelle des mules financières pour obtenir les importantes sommes d’argent. Une fois l’argent obtenu, les auteurs disparaissent généralement dans la nature et les victimes doivent alors se livrer à de véritables parcours du combattant pour faire reconnaître leur statut de victime d’usurpation d’identité. "Une simple plainte à la police ne suffira pas, indique Samuel Rosenblatt. Il faut déposer plainte avec constitution de partie civile entre les mains d’un juge d’instruction contre X. Cela s’appelle mettre l’action publique en mouvement. Sur base de ça, de manière presque systématique, les sociétés de crédit acceptent de suspendre leur démarche en recouvrement à l’encontre de la victime de la fraude."

"Bien souvent, les sociétés de crédit sont très difficilement joignables. Par contre, elles entament très rapidement des procédures en recouvrement via huissiers à l’encontre de la personne, qui n’est en réalité qu’une simple victime d’usurpation d’identité", ajoute notre interlocuteur. C’est bien ce à quoi Dylan a été confronté. Mais AlphaCredit nous informe que leur "service fraude est en attente des conclusions d’enquête de Police avant d’apporter une réponse au client" avant d’ajouter que "le sujet est marginal et les cas de fraude font tous l’objet d’une analyse et en cas de doute sur l’origine de la fraude, le doute est toujours au bénéfice du client."

Cette filiale de BNP Paribas Fortis assure lutter activement contre la fraude grâce à des outils et technologies avancées. "Néanmoins, malgré nos processus d’identification, nous ne pouvons pas identifier à 100% des demandes de crédit frauduleuses et nous ne pouvons parler de nos techniques et dispositifs de lutte contre la fraude, sous peine de voir les fraudeurs – en veille permanente – apprendre de ces informations pour développer de nouvelles techniques criminelles", nous indique cette institution financière.

Des vérifications avant l’ouverture d’un crédit

Pour obtenir un crédit d’emprunt chez AlphaCredit, le demandeur est contraint de fournir un certain nombre de documents afin de prouver son identité et ses revenus. "Son identité est vérifiée. Nous vérifions aussi les capacités d’emprunt sur base de l’identification de la personne et sur base des documents de preuve de revenus", insiste l'organisme bancaire, qui précise que cela s’applique tant pour les demandes en ligne qu’auprès d’un intermédiaire.

Selon notre interlocuteur, AlphaCredit dispose d’ailleurs de filtres et de dispositifs de détection pour bloquer les demandes frauduleuses et de blanchiment d’argent. "Les fraudeurs étant très inventifs, notre dispositif de détection est constamment mis à jour. L’entreprise investit largement et régulièrement dans l’évolution de ses outils et technologies de lutte et de détection."

Le conseil de cette filiale bancaire est de réagir rapidement lorsque l’on se considère victime de fraude. Il est aussi nécessaire "de collaborer avec l’enquête en interne et avec la police afin d’être blanchi et, par conséquent, libéré de toutes les obligations liées au crédit", pointe la société. Notons que la victime de fraude est toujours en droit de contester un fichage auprès de la Banque Nationale.

Pour que la situation de Dylan se régularise et que les mises en demeure cessent, il faudra donc patienter jusqu’aux conclusions de l’enquête. "S’il est avéré que le client est innocent et victime, il sera libéré de toute obligation et aucun fichage ne sera enregistré", conclut AlphaCredit. En ce qui concerne le remboursement du crédit, il reviendra à l’auteur de la fraude – s’il est identifié – de rembourser l’argent. S’il n’est pas identifié, l’institution financière le prendra en perte.

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