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Laura, volontaire au festival de Dour, dénonce des "conditions inacceptables": la responsable de l’asbl conteste

Plusieurs bénévoles du festival de Dour se plaignent des conditions dans lesquelles ils ont dû effectuer leurs missions. Affectés à la tâche, parfois ingrate, du ramassage matinal des déchets sur le site, ils n'auraient pas, selon leurs dires, été suffisamment respectés. L’asbl en charge de ces volontaires réfute leurs arguments.

Le Dour Festival, c’est terminé pour Laura. Cela faisait quatre ans que la Lilloise était bénévole au sein de la Green Cross, les équipes qui s’occupent du ramassage et du tri des déchets. Mais après cette édition 2018, elle se dit à bout. Via le bouton orange Alertez-nous, elle veut dénoncer "des méthodes inacceptables envers les bénévoles qui ont lieu depuis quelques années". Elle poursuit: "Malgré nos plaintes et revendications, aucun responsable ne nous entend. Au contraire, ils en rajoutent toujours plus et nous n'en pouvons plus".

La Lilloise a recueilli plusieurs témoignages de bénévoles assez critiques envers l’organisation du travail sur le festival. Selon elle, il y avait, cette année, 300 personnes au début de l’événement pour le ramassage des déchets sur le site. Le dernier jour, il n’en restait que 80.

Dans les lignes qui suivent, nous allons exposer les griefs avancés par ces bénévoles et les réponses apportées par les responsables.


Les griefs

Le contrat de base est simple: des centaines de festivaliers acceptent de consacrer quelques heures de leur temps libre à la bonne marche du festival, en échange de quoi ils bénéficient de l’accès gratuit au site, d’un espace camping et ils reçoivent également des tickets pour les boissons et la nourriture.

Mais au fil des années, certains de ces bénévoles, qui sont souvent des habitués, ont le sentiment qu’on leur en demande toujours plus, en leur donnant de moins en moins.

Dans un témoignage posté sur Facebook en commentaire d’une publication du Dour festival, Laura affirme que "chaque année les conditions se dégradent". Elle pointe ainsi le manque de matériel pour accomplir des tâches, parfois difficiles. Selon la jeune femme, il n’y aurait pas assez de pinces de préhension et certaines années, même les gants n’avaient pas été prévus en suffisance. 

Elle écrit: "L'année dernière, il y a eu deux matins où les responsables étaient dans l'incapacité de nous fournir des gants et nous ont quand même demandé de ramasser les déchets. A préciser que sur le site du festival, nous ramassons des gobelets et des papiers de toute sorte mais aussi des capotes pleines, de la drogue, de la merde et de la gerbe... ".

Des propos appuyés par Fabrice. Bénévole puis responsable d’équipe, il a été volontaire à Dour durant 12 ans entre 2005 et 2016. "Généralement on était 200 à 250 pour le ramassage du site le matin. Les gants étaient disponibles le premier jour mais pas en quantité suffisante. On nous apportait finalement des gants en caoutchouc fin et qui craquaient très vite. On était quand même obligé de ramasser à la main, parfois près des urinoirs".


"Si tu n’es pas content, on t’arrache ton bracelet"

Ces bénévoles critiquent également l’accès limité à la nourriture et aux boissons. "Aucun petit déjeuner fourni avant de bosser sauf un petit pain ou un croissant deux fois dans la semaine mais à condition d'avoir fini son boulot à tel endroit. Oui, c'est une forme de chantage", estime Laura. "Et cette année, malgré la chaleur, on ne pouvait plus aller chercher des boissons n’importe où. Il n’y avait que deux buvettes qui acceptaient nos bracelets. En ce qui me concerne, le dernier jour on a dû m'emmener à la Croix Rouge parce que je n'étais plus capable de marcher", affirme encore la Lilloise.

Les bénévoles déplorent aussi un manque d’organisation. Ils n’auraient pas de consignes claires et précises sur le travail à fournir avant de commencer, ni de pauses définies à l’avance. Léa déclare par exemple: "On se retrouve éparpillé sur le site. On court après les sacs poubelles qui ne sont pas dispatchés dans chaque endroit, mais placés de manière aléatoire. On court sans cesse après une bouteille d'eau".

Et de manière générale, ils regrettent un manque de considération et parfois des remarques déplacées de certains responsables. Ainsi Nicolas, bénévole en 2017, dit "garder un très mauvais souvenir de ces conditions de travail": "Si tu n’es pas content, on t’arrache ton bracelet et tu rentres chez toi, reste la phrase que j’ai le plus entendu de la part du personnel encadrant", déclare-t-il.

Pour Laura, "C’est du travail déguisé en bénévolat. Chaque année, les volontaires se plaignent de tout ça et on a l’impression qu’il n’y a pas d’évolution, on n’est pas entendu".

"Un problème de considération", mis aussi en avant par une autre bénévole, Frédérique. Si la responsable d’équipe est beaucoup plus mesurée dans ses propos, elle regrette tout de même "avoir appris le jour de son arrivée" que leurs tickets ne seraient pas valables pour toutes les boissons, mais que pour les softs. Pour les bénévoles, ce serait "une question de confiance", surtout que le site et donc les bars sont fermés durant leur service. 

Comme d’autres volontaires, Frédérique pointe également "des fouilles et contrôles trop fréquents, y compris par des policiers en civil".


Que disent les responsables ?

C’est l’asbl 3D, une association active toute l’année dans le développement durable et la sensibilisation au respect de l’environnement, qui chapeaute les Green Brigades, dont les bénévoles de la Green Cross font partie.

Nous avons soumis ces "plaintes" à la responsable de l’association, Sylvie Denoncin. Et celle-ci balaye les critiques émises par certains bénévoles.

Selon elle, "chaque groupe fait l’objet d’une convention dans laquelle les horaires et les goodies sont fixés à l’avance, ils reçoivent également une fiche de poste".

Conformément à la loi régissant le volontariat, la relation entre le bénévole et l’organisation ne fait pas l’objet d’un contrat. Mais celle-ci doit transmettre certaines informations, comme les défraiements éventuels, avant le début de l’activité.

Concernant la nourriture et les boissons, la présidente de l’asbl considère qu’il n’y a pas de problème. "Les volontaires de la Green Cross ont la possibilité, comme tous les autres volontaires sur l’événement, de dormir au camping crew où un service petit-déjeuner est proposé si les volontaires le souhaitent", explique-t-elle. "Le groupe de volontaires dont il est question a reçu par jour (et par personne) 6 softs et 1 sandwich. Il ne manquait pas d’eau. Des points d’eau potable étaient présents à plusieurs endroits du site ainsi que des points de retrait de boissons et sandwichs pour les équipes", précise-t-elle.


"Nous respectons la législation"

Pour ce qui est des pauses et de l’organisation du travail, Sylvie Denoncin assure que la législation sur le bien-être au travail est respectée. "Nous avons un conseiller en prévention. Et un point est fait chaque jour à tous les responsables sur la température qu’il fait, les précautions à prendre. Dans le cadre de ces mesures, des pauses régulières ont donc été instaurées".

Au niveau du manque de matériel, là aussi la responsable réfute les arguments des volontaires: "Nous avons des gants largement en suffisance, des pinces, des brouettes,… qui sont distribués à chaque début de shift". Elle ajoute cependant: "Ramasser des déchets c’est loin d’être agréable, surtout lorsque vous vous dites que ce sont des jeunes de votre âge qui les ont laissé là. C’est également pour cela que nous proposons plusieurs types de missions qui vont de la sensibilisation à la distribution de sacs en passant par la gestion des points green corners".

Sylvie Denoncin tient également à rappeler que ses équipes "ont beaucoup de respect pour les volontaires et pour ce qu’ils font. La Green Cross existe depuis des années et représente environ 1.000 bénévoles sur l’ensemble de l’événement, qui, pour la grande majorité sont les mêmes d’année en année. Et ceux-ci font un travail remarquable".

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